Des marinières aux ruches, il y a un pas qu’Arnaud Montebourg n’a pas hésité à franchir. Ambassadeur du célèbre vêtement quand il était ministre du Redressement productif puis ministre de l’Économie (2012-2014), Arnaud Montebourg s’est désormais lancé dans la production de miel avec "Bleu blanc ruche", une marque qui garantit un nectar "100% made in France". "C’est une marque de combat en faveur du repeuplement des abeilles", résume l’ancien ministre, invité de La France bouge sur Europe 1, lundi.
Financement participatif. Créée en août, "Bleu blanc ruche" est actuellement en phase de lancement sur la plateforme de financement participatif Ulule (les premières précommandes de miel sont disponibles). "C’est un miel garanti 100% français. Il n’est pas mélangé, l’apiculteur est en lien direct avec le consommateur", explique Arnaud Montebourg, qui s’est entouré de professionnels du miel pour ce projet. L'ancien ministre dirige l’entreprise mais n’est pas actionnaire majoritaire. "C’est une équipe", assure-t-il.
S’il a choisi de passer par le financement participatif, c’est aussi parce qu’Arnaud Montebourg souhaite "faire participer les citoyens pour qu’ils deviennent des consom’acteurs". Sur Ulule, "Bleu blanc ruche" a déjà dépassé son objectif de 1.000 préventes, sachant que le prix de la contribution est de 16 euros minimum (pour un pot de miel et une petite bouteille réutilisable). "Nous avons décidé d’éveiller la conscience du consommateur, lui faire comprendre que les quelques centimes qu’il peut mettre en plus dans son pot de miel, peuvent servir à l’investissement et à la croissance du nombre de ruches chez l’apiculteur", souligne l’ancien ministre.
Rééquilibrer consommation et production. La marque créée par Arnaud Montebourg entend remplir un objectif clair : participer au repeuplement des abeilles. "Nous consommons entre 40 et 45.000 tonnes de miel, en France, mais nous n’en avons produit l’année passée qu’entre 9 et 16.000 tonnes. Il y a 20 ans, on consommait 30.000 tonnes qu’on produisait en France", rappelle Arnaud Montebourg. Un déséquilibre qui contribue à faire chuter la population des abeilles. "S’il n’y a plus d’apiculteur français, parce qu’ils font faillite ou qu’on importe du faux miel chinois, la population des abeilles va chuter."
Les premiers pots arriveront en octobre et les amateurs pourront y lire le nom de l’apiculteur qui a produit le miel qu’ils vont savourer. "Les exploitants qui se joignent à nous s’engagent à augmenter leur nombre de ruches l’année suivante", indique Arnaud Montebourg. Il s’agit aussi d’amener le consommateur à faire attention à ce qu’il achète. "Le miel ce n’est pas qu’une douceur et une expression du terroir français. C’est aussi la présence pollinisatrice des insectes précieux pour l’humanité que sont les abeilles", ajoute l’ancien ministre de François Hollande.
Appel aux responsables politiques. Côté dégustation, la marque "Bleu blanc ruche" propose différentes sortes de miel. "Il y a les grandes sensations gustatives que produisent le tilleul, le châtaignier, l’acacia que beaucoup de Français affectionnent. La lavande aussi, qui est un vrai blockbuster grâce à notre magnifique Provence. Mais il y a aussi des miels plus typés, plus originaux", avance Arnaud Montebourg. "Nous avons des miels rares, produits par des abeilles qui vont chercher le pollen d’arbres peu connus comme l’arbousier, la callune. On en produit des petites quantités mais nous y tenons car pour nos apiculteurs, c’est une expression de leur savoir-faire sur des terroirs particuliers."
Convaincu de pouvoir participer activement au repeuplement des abeilles en France, Arnaud Montebourg compte toutefois sur le soutien de la société dans son ensemble. "Il faut saluer ceux qui participent, en milieu urbain, à la sensibilisation sur le repeuplement des abeilles. C’est un mouvement de la société entière, tout le monde est inclus", lance Arnaud Montebourg, qui appelle "les responsables politiques" à "prendre des décisions importantes" pour la survie des insectes.
Du miel en attendant les "Hautes études apicoles"
Pour ancrer son mouvement dans la société, Arnaud Montebourg a monté une école d’apiculture qui ouvrira l’année prochaine et pourra accueillir entre 10 et 20 personnes. "Notre intention c’est de former une nouvelle génération d’apiculteurs de haut niveau, de grande technicité, qui vont être capables de monter de grandes exploitations apicoles et de redresser le miel made in France". L’école des hautes études apicoles, installée à Dijon, collaborera avec "toutes les forces de France dans l’apiculture", des scientifiques aux agriculteurs.