Une colère en chasse une autre. Celle des agriculteurs a été apaisée entre autres par l'annonce de la "mise à l'arrêt" du plan Ecophyto, qui finalement sera une pause de trois semaines. Mais cela avait déclenché l'ire des apiculteurs, alors que les pesticides sont responsables de la mort d'au moins 30% des abeilles. Ils se sont mobilisés ce lundi matin à Lyon et ont exposé un millier de ruches mortes ou vides sur la place Bellecour. Les apiculteurs dénoncent également la concurrence étrangère déloyale.
>> LIRE AUSSI - «Il faut s'adapter» : le miel est abondant en 2023 mais les apiculteurs sont inquiets pour l'avenir
"On ne peut pas rivaliser" avec la concurrence étrangère
C'est le cas de Pierrick Marnat. Cet apiculteur dans la Loire n'a toujours pas écoulé son stock de l'année dernière : il lui reste dix tonnes de miel. Il dénonce une concurrence déloyale de miel importé. "Il y a des pays comme l'Ukraine, la Chine, qui exportent beaucoup de miel à moins de 2 euros du kilo en France, qui sont loin de nos coûts de production, qui se situent à 6-8 euros, donc on ne peut pas rivaliser. Le problème se pose sur beaucoup de produits agricoles, notamment sur le miel où il y a un étiquetage qui n'est pas très clair", affirme-t-il.
Même constat pour Jérémy Barret, apiculteur dans la Drôme, qui n'arrive plus à écouler ses 12 tonnes de miel vendues entre 10 et 12 euros le kilo. "On ne peut pas s'aligner sur des chiffres comme ça, c'est impossible", souffle-t-il au micro d'Europe 1.
Présents sur la place Bellecour, les apiculteurs sont aussi allés dans les supermarchés pour alerter sur le manque de transparence. "Là, j'ai un miel de fleur 'Lune de miel'. Alors qu'il y a un drapeau français dessus marqué 'Famille Michaud', et que c'est une société française, c'est en fait du miel d'Argentine, d'Ukraine et d'Espagne", relate Jérémy Barret.
"Aider les agriculteurs dans cette transition écologique"
Les apiculteurs s'inquiètent aussi de la suspension du plan Ecophyto. "Ça serait bien qu'il y ait une autre agriculture qui se mette en place en France pour essayer de réduire ces traitements. Mais il faut qu'il y ait une réelle envie du gouvernement d'aider les agriculteurs dans cette transition écologique", reprend Pierrick Marnat.
Murielle Pascal, qui travaille, elle, en Lozère, estime qu'Ecophyto "n'a jamais réussi à réduire l'usage des pesticides". "On ne peut pas non plus demander à des agriculteurs habitués à utiliser des produits du jour au lendemain d'abandonner. Il y a des alternatives, il faut les promouvoir et il faut mettre les moyens financiers pour changer ce modèle agricole", avance cette apicultrice.
D'ici à la fin de la semaine, les apiculteurs espèrent rencontrer les conditionneurs et la grande distribution pour trouver des solutions.