Frichti passe la seconde. La start-up française de livraison à domicile de repas préparés dans ses propres cuisines diversifie son offre avec un "supermarché" en ligne. "Notre credo, c’est de rendre le bon accessible au quotidien. On l’a fait en livrant nos plats cuisinés. C’était naturel d’accompagner nos clients encore plus loin, en les aidant à faire leurs courses", explique Julia Bijaoui, cofondatrice de Frichti, invitée de l’interview éco d’Emmanuel Duteil, mercredi sur Europe 1.
Peu de références pour un meilleur rapport qualité-prix. Dès son lancement en 2015, Frichti a choisi de se différencier d’UberEats et Deliveroo en livrant uniquement ses propres repas, confectionnés dans ses cuisines. Présente seulement à Paris et en banlieue parisienne, la jeune start-up cofondée par Julia Bijaoui et Quentin Vacher veut désormais "inventer une nouvelle façon de faire ses courses". "L’idée n’est pas de devenir Auchan mais de poursuivre ce qu’on s’est déjà efforcé de faire à travers notre première offre avec des plats cuisinés d’une fraîcheur inédite", précise Julia Bijaoui.
Avec environ 200 références, le supermarché de Frichti affiche une ambition très modeste. "On se positionne comme un curateur, un sélectionneur. Ça fait un an que notre équipe travaille à constituer cet inventaire et continue à le faire en partant à la recherche, pour chaque catégorie de produit, du meilleur rapport qualité-prix", indique la jeune entrepreneuse. "Ce n’est pas un inventaire d’épicerie fine, inaccessible en termes de prix. Nos critères sont la qualité, le goût et la fraîcheur mais aussi des prix abordables au quotidien."
Le prix, garantie de la fraîcheur. En faisant un tour sur le site, l’offre est plutôt conforme à la promesse : on trouve de tout (fruits et légumes, viandes, boissons, pâtes, fromage…) mais bien souvent, il n’y a pas le choix pour un même produit (un steak haché, une crème fraîche, deux pommes…). Quant aux prix, ils sont forcément supérieurs à ceux d’un supermarché classique mais pas exorbitants non plus. Une ligne raccord avec le service de plats cuisinés qui a fait le succès de Frichti, avec des repas goûteux autour de 15 euros. "On veut vraiment devenir votre supermarché du quotidien. Il vous coûtera moins de cher de commander les produits et de les cuisiner vous-même, plutôt que de commander un plat Frichti tout fait", assure même Julia Bijaoui.
Elle conçoit par ailleurs ce supermarché numérique comme le prolongement de l’offre de livraison de repas. "Il n’y a pas de frontière : vous pouvez commander un guacamole préparé par Frichti et derrière un filet de cabillaud et une purée de carottes que vous cuisinerez vous-même. L’idée c’est d’avoir une offre hybride et que les gens s’en servent comme ils le souhaitent", illustre la cofondatrice, sur Europe 1. Quant à la livraison, elle bénéficie des mêmes garanties : "on livre en 18 minutes en moyenne, et 15 minutes pour 50% des Parisiens. Vous avez à peine le temps de mettre l’eau à bouillir que le livreur sonne déjà à la porte".
Résister à Amazon et se développer. Avec cette nouvelle offre, Frichti ajoute une corde à son arc pour résister à Amazon, qui menace de dévorer le secteur alimentaire depuis son alliance avec Monoprix. "On s’en inspire, ils sont très forts en logistique et en expérience utilisateur. Mais contrairement à Amazon, on pense que l’exhaustivité de l’inventaire n’a pas trop d’intérêt et qu’accumuler des milliers de références pour avoir le maximum de choix, c’est plus anxiogène qu’autre chose", estime Julia Bijaoui, qui se veut malgré tout ambitieuse : "notre but, c’est d’être leader de l’e-commerce alimentaire en ville".
Une ambition qui passera forcément par une phase d’hypercroissance de la demande. Or, c’est justement l’un des problèmes que rencontrent aujourd’hui les clients de Frichti : il n’est pas rare que, dès 12h30, il n’y ait plus beaucoup de plats cuisinés disponibles. "On accepte la rupture de stock. C’est ce qui nous permet d’assurer notre promesse de fraicheur des plats et des produits", assume Julia Bijaoui. Et bien que le projet soit en développement depuis près de deux ans, elle espère toujours déployer Frichti dans d’autres villes. "On en parle, les Parisiens ne sont pas les seuls à vouloir bien manger", élude-t-elle, évoquant du bout des lèvres une échéance : "une courte année".
Frichti, pas friand du prélèvement à la source
Le Premier ministre Édouard Philippe a confirmé mardi le maintien du prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu pour janvier 2019. La mesure, critiquée par les petites entreprises pour sa lourdeur, ne fait pas le bonheur de Julia Bijaoui : "J’espérais que la réforme soit abandonnée parce que ça va nous coûter beaucoup de temps de collecter l’impôt à la place de l’État. On n’a rien lancé mais on a toujours tout fait très vite. On a sorti la boîte de terre en deux mois donc je pense qu’on arrivera à gérer le prélèvement à la source".