Le mot est lâché. Vincent Bolloré a évoqué jeudi le risque de "faillite" de Canal+, dont les chaînes payantes en France accumulent les pertes, et expliqué vouloir mettre sa filiale de télévision payante à la diète maintenant son objectif d'en faire un actif-clef de son futur "champion des médias et contenus".
"Arrêter le robinet". "Si les pertes continuent, il y a un moment où il faudra arrêter le robinet, parce que Vivendi ne pourra pas apporter de l'argent indéfiniment à Canal+", a menacé le président du conseil de surveillance de Vivendi, devant les actionnaires réunis à l'Olympia. L'homme d'affaires breton a également fait passer ce message dans une lettre aux salariés, où il explique sa stratégie et le renouvellement du management. Vincent Bolloré a détaillé les mesures prises pour limiter les pertes de Canal+ en France. "Nous ne pouvions risquer de voir une de nos filiales historiques françaises nous entraîner dans sa faillite", a-t-il écrit aux salariés.
1 milliard d'euros de dette pour Canal+. Si le groupe Canal+ est rentable dans son ensemble, notamment les chaînes gratuites D8 et D17,certaines filiales perdent de l'argent comme iTELE ou les chaînes payantes françaises. Le groupe Canal + a une dette d'environ un milliard d'euros, a souligné Vincent Bolloré. La perte opérationnelle des chaînes payantes de Canal+ en France "peut être de plus de 400 millions d'euros en 2016 si on ne réagit pas", a souligné Stéphane Roussel, le directeur général en charge des opérations de Vivendi, après une perte de 264 millions d'euros en 2015.
Bolloré rassure... Et menace. "Est-ce que ça vaut la peine de sauver Canal+ ? Moi personnellement je réponds oui", a assuré Vincent Bolloré devant les actionnaires. Mais "ça dépend combien de temps", a-t-il averti. Le retour à l'équilibre de Canal+, confronté à une forte concurrence de BeIn Sports ou Altice sur les droits sportifs et à celle du géant de la vidéo à la demande (VOD) Netflix sur le cinéma, est prévu pour 2018.
Une impopularité assumée. Vincent Bolloré a reconnu qu'il n'était pas très "populaire" depuis le départ de vingt dirigeants du groupe, vécu en interne comme une "purge". Sous son impulsion, les dépenses du groupe ont été réduites, en commençant par les frais engagés pour le festival de Cannes. "Quand on dit aux gens : vous n'êtes plus 469 à partir, vous n'êtes plus que 50, on n'est pas populaire". Mais "on préfère mettre cet argent dans les programmes", a-t-il observé, déclenchant les applaudissements des actionnaires. Vincent Bolloré veut faire de Vivendi un champion européen capable de lutter face aux géants numériques américains comme Google, Apple, Facebook, Amazon, etc. et aux producteurs de contenus comme Disney.