Le taux de chômage en France a diminué de 0,7 point au deuxième trimestre, à 7,1%. Selon l'INSEE, c'est une "baisse en trompe-l'oeil", comme au premier trimestre, due au confinement qui a empêché beaucoup de personnes sans emploi d'en chercher un. "La baisse du taux de chômage résulte d'un fort recul du nombre de personnes sans emploi en recherche active d'emploi pendant la période de confinement", explique l'Institut. Elle "ne traduit pas une amélioration du marché du travail mais un effet de confinement des personnes sans emploi qui l'emporte sur l'effet de hausse du nombre de personnes sans emploi".
Cette baisse "ne traduit pas une amélioration du marché du travail"
Ce recul est en effet inhérent à la définition même du chômeur au sens du Bureau international du travail (BIT). Il s'agit d'une personne âgée de 15 ans ou plus qui satisfait les trois critères suivants : est sans emploi pendant la semaine de référence ; est disponible pour travailler dans les deux semaines à venir ; a effectué au cours des quatre dernières semaines une démarche active de recherche d'emploi ou a trouvé un emploi qui commence dans les trois mois.
Déjà au premier trimestre, le taux de chômage avait reculé de 0,3 point, à 7,8%. En revanche, le "halo autour du chômage", soit les personnes sans emploi qui en souhaitent un mais qui ne satisfont pas les autres critères du BIT pour être considérées comme chômeurs, "a nettement augmenté pendant le confinement, en miroir de la baisse du chômage", souligne l'Insee. En juin, il concernait 4,8% des personnes de 15 à 64 ans, soit une hausse de 0,9 point par rapport à juin 2019.
"Le chômage va augmenter", prévient Eric Heyer
Invité de la matinale d'Europe 1, Eric Heyer, économiste à l'OFCE et spécialiste des politiques de l'emploi, est revenu sur ces chiffres. Il prédit qu'on "devrait avoir une très forte augmentation du chômage dans les prochains trimestres". Selon l'économiste, deux facteurs expliqueraient cette hausse. "D'une part parce que globalement ce chiffre-là n’est pas le bon chiffre : un grand nombre de personnes n’ont pas été en recherche active. Et puis il va y avoir des fortes destructions d’emplois dans les mois à venir. Ces deux éléments vont faire que le chômage va augmenter", justifie-t-il.
"Aujourd'hui on peut considérer que le chômage se situe plutôt autour de 8,5% et il y aura sans doute une augmentation d’un point dans les trimestres à venir donc on devrait se situer aux alentours de 11 points de chômage d’ici à la fin de l’année", prévient Eric Heyer.