Le nombre de chômeurs a continué à augmenter en France fin 2023, quoique moins vite que durant l'été, et devrait continuer de progresser cette année en raison de la faiblesse de l'activité économique, avec une grosse inquiétude pour le secteur du bâtiment.
5,406 millions de demandeurs d'emploi
Le nombre de chômeurs (catégorie A, sans activité) a augmenté de 0,2% au quatrième trimestre en France entière (hors Mayotte), après une progression de 0,6% au troisième, selon les chiffres publiés jeudi par le ministère du Travail. Le nombre d'inscrits à Pôle emploi (devenu France Travail au 1er janvier) sans activité et recherchant activement un emploi a ainsi augmenté de 4.800 sur le trimestre pour atteindre 3,033 millions.
En incluant l'activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d'emploi est lui en hausse de 1%, soit 54.000 inscrits en plus, et s'établit à 5,406 millions. De son côté, l'Urssaf a comptabilisé une diminution de 1,4% des déclarations d'embauche de plus d'un mois au quatrième trimestre, après une stabilisation au troisième. Mais selon le directeur des statistiques de l'organisme de recouvrement des cotisations sociales, Alain Gubian, cela "ne modifie pas fondamentalement les orientations du marché de l'emploi" avec un niveau d'embauches qui "reste bien supérieur" à l'avant-crise sanitaire.
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Le secteur du bâtiment anticipe 90.000 destructions d'emploi
Le chômage subit avec un certain décalage le ralentissement de l'activité économique. La Banque de France anticipait en décembre une remontée du taux de chômage en France à 7,8% en 2025, tandis que l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) le voit à 7,9% à la fin de cette année, contre 7,4% au troisième trimestre 2023. Cette remontée est due "à une baisse de >> l'activité économique liée à la hausse des taux directeurs de la Banque centrale" européenne, explique à l'AFP Nathalie Chusseau, professeure d'économie à l'université de Lille.
En conséquence, "on anticipe une baisse de 50.000 à 60.000 du nombre des emplois" sur l'année 2024, précise Nathalie Chusseau. Bonne nouvelle, la baisse prévue de l'inflation cette année va amener les banques centrales à mettre fin à la hausse des taux directeurs, ce qui "va redonner du pouvoir d'achat aux ménages et tirer la demande, donc la production et l'activité", selon l'universitaire. Mais "il y a quand même un gros point noir : la baisse d'activité liée au secteur du logement", la Fédération française du bâtiment anticipant 90.000 destructions d'emploi en 2024.
Augmentation de 5,9% sur un an pour les moins de 25 ans
Fin 2023, le nombre de demandeurs d'emploi sans activité a surtout augmenté parmi les jeunes. En France métropolitaine, la hausse est de 5,9% sur un an pour les moins de 25 ans, alors que le chômage a baissé de 0,6% pour les personnes âgées de 25 à 49 ans. Pour les seniors (50 ans et plus), il baisse de 2,9% sur un an, mais s'inscrit en hausse de 0,6% sur un trimestre. Les demandeurs d'emploi qui ont une activité réduite (catégories B et C), sont plus nombreux dans toutes les tranches d'âge, leur nombre progresse toutefois là aussi plus vite chez les jeunes.
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Les entrées à France Travail augmentent toutes les catégories confondues de 2,7% par rapport au trimestre précédent. Le gouvernement, qui a pour objectif le plein emploi en ramenant le taux de chômage à 5% en 2027, espère aussi que la transformation de Pôle Emploi en France Travail --avec à la clé plus de coopération entre les différents organismes d'aide à la recherche d'emploi-- permettra d'inverser une courbe du chômage repartie à la hausse.
"C'est une bonne nouvelle d'avoir une organisation qui essaie de coordonner tous les acteurs liés à l'emploi" dont les missions locales pour les jeunes et les collectivités territoriales, estime Nathalie Chusseau. Mais pour que les résultats soient au rendez-vous, "ça doit aller de pair avec une activité économique qui est en meilleure forme".