Commerces en centre-ville : ce qui a changé en dix ans

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ZOOM - Contrairement aux idées reçues, les commerces en centre-ville résistent bien d’après l’Insee. Mais ce qui est vrai pour les grandes agglomérations l’est beaucoup moins dans les autres villes.

Si les zones rurales s’inquiètent de voir les services publics disparaître progressivement, dans les zones urbaines c’est la fermeture des commerces en centre-ville qui inquiète, comme à Cholet ou Amiens par exemple. Mais cette crainte est-elle fondée ? Les commerçants désertent-ils vraiment les centres-villes* ? Après avoir décortiqué une décennie d’activité commerciale en centre-ville, l’Insee apporte un début de réponse : les commerces résistent bien, y compris au cœur des villes. Mais cette résilience cache en fait des évolutions très contrastées : certaines activités se font de plus en plus rares en centre-ville et, surtout, toutes les villes n’arrivent pas à préserver leurs commerces.

Un tiers des commerces encore installés en centre-ville. L’essor des zones commerciales en périphérie des villes pourrait laisser penser que les centres-villes se sont progressivement vidés de leurs commerçants mais ce n’est pas le cas : en 2014, un tiers des commerces en France étaient encore situés au cœur des agglomérations de plus 20.000 habitants, souligne l’Insee.

Les commerçants sont donc encore nombreux en centre-ville, mais certaines professions sont plus représentées que d’autres. "C’est le cas des agences de voyage, des agences immobilières et des débits de boissons, dont environ la moitié de l’emploi est localisée en centre-ville", précise l’étude de l’Insee, avant d’évoquer d’autres types de commerces très présents au cœur des villes : les magasins d’équipement de la personne (habillement, chaussure, maroquinerie, bijouterie, parfumerie) ou encore les librairies. En revanche, certaines activités ont migré depuis longtemps vers les zones périphériques et sont devenues difficiles à trouver en centre-ville. "Les grandes surfaces alimentaires, les commerces d’équipement de la maison (meubles, électroménager, bricolage, etc.), de sport et de jouets et les garages automobiles sont peu fréquents dans le coeur des villes, car ils nécessitent de grandes surfaces d’exposition et de stationnement", souligne l’Insee. Et cette tendance est toujours vraie : le nombre d’employés dans les garages a par exemple fondu de près de 40% entre 2004 et 2014.

Boulangerie, boucherie-charcuterie, pharmacie : contrairement aux idées reçues, les commerces les plus emblématiques d’une vie citadine ne sont pas uniquement concentrés en centre-ville. Répondant aux besoins quotidiens des habitants, ces commerces se sont implantés sur l’ensemble du tissu urbain. Résultat, moins d’un quart des boulangeries et des boucheries sont installées en centre-ville.  

Les centres-villes attirent de nouveaux commerces. Les centres-villes ne sont pas figés et évoluent en même temps que les usages de leurs habitants. Logiquement, les commerces installés au cœur des villes s’y adaptent. Répondant à une population citadine qui utilise de moins en moins la voiture et continue de fréquenter une épicerie de quartier, les petites et grandes surfaces alimentaires se sont ainsi multipliées au cours de la dernière décennie : Carrefour City, Simply market, Marché U, Franprix, etc. Leurs effectifs en centre-ville ont bondi de plus de 30% pour les grandes surfaces et d’environ 25% pour les magasins plus petits.

Les centres villes sont également devenus le lieu de prédilection pour sortir puisque les effectifs des bars et autres débits de boisson ont augmenté de près de 10%. La restauration occupe, elle aussi, de plus en plus de place en ville : ses effectifs ont bondi de 50% dans la restauration rapide et de 19% dans la restauration traditionnelle. Sans oublier les commerces alimentaires spécialisés (produits bio, épicerie fine, spécialités géographiques, vins), qui voient également leurs effectifs se renforcer, une indice qui montre que le niveau de vie augmente dans le centre-ville des grandes agglomérations.

Avantage pour les grandes agglomérations. En moyenne, le nombre de commerces et l’emploi ont reculé de 1% seulement en centre-ville entre 2004 et 2014. L’activité commerciale résiste donc bien au cœur des villes malgré la multiplication de centres commerciaux toujours plus gros. Mais cette moyenne cache de grandes disparités : la santé des commerces de centre-ville est très variable selon la démographie. 

Dans les petites et moyennes agglomérations, les commerçants désertent les centres-villes : le nombre d’employés a reculé de 7% dans les aires de moins de 50.000 habitants et de 8% dans les aires comptant entre 50.000 et 200.000 habitants. A contrario, les commerces se portent bien dans les grandes agglomérations de plus de 500.000 habitants : le nombre d’employés y a augmenté de 7%. Les grandes agglomérations régionales confirment donc leur dynamisme mais cela se fait au détriment des villes plus petites. 

* NB : l’Insee a élaboré une méthodologie particulière pour définir ce qu’est un centre-ville. Dans cette étude, ce terme désigne "une concentration géographique importante de points de vente dans un espace restreint. Plus précisément, ces pôles regroupent au moins 100 boutiques, distantes de 50 mètres en moyenne les unes des autres".