"Un cauchemar" : l'heure est aux comptes pour une concessionnaire automobile de Saint-Germain-lès-Arpajon en Essonne, encore meurtrie par le saccage de son commerce et que le ministre de l'Économie est venu soutenir mardi, ouvrant la porte à des annulations de cotisations "au cas par cas". Sur la devanture partiellement détruite et recouverte de panneaux de bois, les grandes lettres de la marque "Citroën" ont presque entièrement fondu dans un feu allumé par des dizaines d'émeutiers, lors des violences consécutives à la mort du jeune Nahel.
Des dégâts estimés entre 200.000 et 300.000 euros
Une trentaine de véhicules ont été volés et brûlés, certains servant de voitures-béliers pour attaquer d'autres commerces alentour, dont le cinéma fraichement rénové situé à quelques dizaines de mètres, sur le territoire de la commune d'Arpajon, à une trentaine de kilomètres au sud de Paris. "D'un seul coup, ça nous tombe dessus. Pourquoi ? C'est un cauchemar, on n'a rien demandé, c'est triste", se désole la patronne Emmanuelle Duporte, estimant les dégâts entre 200.000 et 300.000 euros. Même plus, selon son mari et cogérant. Après un nettoyage intensif, ils ont pu rouvrir lundi, mais en devant annoncer à des clients qu'ils n'auraient plus de voiture. "C'était dans un état catastrophique", témoigne Emmanuel Duporte, très émue.
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En signe de soutien, le ministre Bruno Le Maire lui prend la main. Il l'assure de la "fermeté totale" de l'État face à ces actes "inacceptables", promettant un soutien public tout en insistant sur le rôle essentiel des assureurs. "Quand votre commerce a été entièrement brûlé, que c'est le travail de toute une vie qui est réduit en cendres, il faut que l'État soit à votre côté et qu'il puisse y avoir des annulations de charges sociales ou fiscales au cas par cas pour les commerçants les plus touchés", a-t-il déclaré.
Fromager, bijoutier, opticien, enseigne de restauration rapide : dans le centre d'Arpajon, commune de 11.000 habitants, plusieurs commerces portent les stigmates des nuits de violences, avec devantures de fortune et vitrines brisées. "Ils avaient mis le feu à toutes les poubelles contre le cinéma", raconte Yohan Delamare, directeur Ile-de-France de Première Cinémas. Sans l'aide des voisins et une chaîne de seaux d'eau, "il n'y aurait plus de cinoche". Le butin des vandales? Des chips et des confiseries, notamment. Bruno Le Maire a aussi encouragé les commerçants sinistrés à se tourner vers les conseillers départementaux à la sortie de crise, tandis que certains indépendants auront la possibilité de moduler à la baisse leur taux d'impôt sur le revenu.
"Plus de 1.000 commerces"
Aucun chiffre n'a été donné dans l'immédiat sur le nombre d'entreprises qui pourraient être concernées par ces mesures exceptionnelles, à l'heure où l'État refuse de dégainer un nouveau "quoi qu'il en coûte", grevé par une lourde dette publique et désireux de maîtriser les comptes publics. "Plus de 1.000 commerces ont été soit vandalisés, soit agressés, soit incendiés", a cependant indiqué le ministre. Face à cette nouvelle crise, la ligne du gouvernement est claire : aider sans dégrader les finances de l'État. "On ne rétablit pas l'ordre dans la nation par le désordre des comptes publics", assure par ailleurs le ministre de l'Économie. D'autant que, pour Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, les marges de manœuvre se sont réduites. "On sort d'une période de trois ans, où on a eu quasiment 300 milliards d'injections. Dans le matelas budgétaire, c'est quand même rétréci. Même si là, un grand pas dans des mesures permanentes non plus."
D'ailleurs, Bercy conserve son objectif de ramener la dette à 108,3% du PIB d'ici à 2027.
Un appel du pied aux assureurs
De son côté, le patron du Medef Geoffroy Roux de Bézieux a demandé sur France Inter "une accélération des permis de reconstruire", il a souligné que "la priorité absolue, c'était l'autorité de l'État, la sécurité des biens et des personnes et l'indemnisation de tous les commerçants pour que l'activité puisse redémarrer le plus rapidement possible".
Un appel du pied aux assureurs, qui ont, eux aussi, annoncé des mesures exceptionnelles mardi : la prolongation de 5 à 30 jours du délai de déclaration des sinistres, l'accélération du processus d'indemnisation et la réduction des franchises pour les indépendants les plus durement touchés. Des organisations patronales comme la Confédération des PME (CPME) ou l'U2P réclamaient plus. Quant à la prolongation d'une semaine des soldes d'été, il s'agit pour l'instant d'une "éventualité", selon Olivia Grégoire, la ministre déléguée au Commerce et aux PME Olivia Grégoire, également présente lors du déplacement.
Geoffroy Roux de Bézieux a évalué les dégâts à plus d'un milliard d'euros pour les entreprises, un montant que le ministère de l'Économie n'a pas confirmé. Malgré l'impact financier pour les commerçants sinistrés, "l'économie française ne sera pas affectée par cette crise", pas plus que "l'attractivité française" ou le tourisme pour lequel l'incidence sera "négligeable", a-t-on nuancé de même source.