Confrontée à une situation budgétaire délicate, la maire de Paris Anne Hidalgo a décidé d'augmenter de 52% la taxe foncière, renonçant à sa promesse de campagne de ne pas augmenter d'impôts, annonce-t-elle dans une lettre lundi. Le taux d'imposition de la taxe foncière passera de 13,5% à 20,5% en 2023, sauf pour les propriétaires qui s'engageront dans la rénovation thermique de leur appartement et ceux "rencontrant des difficultés économiques", titulaires d'allocations de solidarité (Aspa, ASI, AAH) ou redevables de plus de 75 ans, précise l'élue socialiste dans un courrier à ses administrés.
Ces deux catégories bénéficieront d'une exonération totale. Pour les autres, un propriétaire d'un 50m2 verra sa taxe foncière passer de 438 à 665 euros en moyenne, et celui d'un 75 m2 de 576 à 874 euros, selon les chiffres communiqués par la Ville. La taxe foncière "est aujourd'hui à Paris la plus basse de France à 13,5% contre 41,61% en moyenne dans les grandes villes françaises, et elle n'a pas augmenté depuis 2011", fait valoir Anne Hidalgo.
"Il s'est passé, depuis, beaucoup de choses"
La capitale compte 2,1 millions d'habitants mais seulement 32% de propriétaires, un pourcentage là aussi inférieur à celui des autres villes, a souligné le Premier adjoint Emmanuel Grégoire lors d'un point presse, reconnaissant "un effort très important" pour les contribuables concernés.
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"On avait dit, pendant la campagne (des municipales en 2020), que nous n'augmenterions pas les impôts", a reconnu l'élu socialiste, "mais il s'est passé depuis beaucoup de choses : la crise du Covid, la crise ukrainienne, la crise énergétique (...), des crises systémiques qui s'inscrivent dans la durée".
Cette décision "permettra de maintenir une haute qualité de nos services publics, de continuer à investir dans le logement, dans la transition écologique, dans l'entretien et la modernisation de notre patrimoine et de nos équipements, dans l'embellissement de nos rues et de nos jardins", affirme Anne Hidalgo qui prévoit 1,7 milliard d'investissement pour 2023.
Promesse de campagne non tenue
Cette augmentation doit apporter à la Ville un surcroît de recettes de 586 millions en 2023, anticipe l'adjoint aux finances Paul Simondon. Selon cet autre élu socialiste, la Ville n'empruntera plus en 2023 que 514 millions contre 860 cette année, et l'encours de sa dette devrait s'établir autour de 8 milliards d'euros.
Mais du côté des habitants, l'annonce déplaît fortement. "Cette augmentation me paraît aberrante car elle avait promis de ne pas augmenter les impôts et au final, elle a changé d'avis", s'énerve au micro d'Europe 1 une propriétaire. "Une fois de plus, une promesse de campagne qui n'est pas tenue, de manière assez rapide d'ailleurs", s'agace une autre habitante.
"Moi, ça me scandalise cette annonce parce que 50% d'augmentation, c'est énorme", explique Marc. "Les parisiens ont déjà du mal à acheter. Et quand on arrive enfin à s'acheter un petit truc, si on est taxé autant, avec les mensualités du prêt, ça devient assez dur", ajoute-t-il.
Anne Hidalgo dénonce l'absence de soutien financier de l'État
Depuis la crise sanitaire de 2020, Anne Hidalgo dénonce l'absence de soutien financier de l'État aux villes, en particulier à la sienne. Lors de l'examen budgétaire, le gouvernement "a refusé d'examiner les amendements" visant notamment à augmenter la taxe de séjour pour les hôtels de luxe et les palaces, écrit-elle, ce qui fait qu'elle n'a pas "d'autre choix" que de relever cet impôt local.
"Comme souvent avec Mme Hidalgo, l'État a bon dos", a répliqué devant la presse le ministre des Comptes publics Gabriel Attal, pour qui "l'État a accompagné fortement la ville de Paris". Mais il ne peut pas "combler les problèmes de gestion de la Ville de Paris" et son "absence de réformes de structure", a-t-il ajouté, fustigeant le fait qu'il y ait "plus de fonctionnaires à la Ville de Paris qu'à la Commission européenne, fonctionnaires qui ne sont toujours pas aux 35 heures". L'opposition LR parisienne, menée par Rachida Dati, a elle dénoncé dans communiqué une ville "en faillite" avec une "explosion de la dette parisienne", qui atteint selon elle 10 milliards d'euros.