En un an, la pandémie déclenchée par le coronavirus aura profondément chamboulé le rapport des Français à la santé et à l'hygiène. Et pas seulement en ce qui concerne la désinfection et le respect des gestes barrières, mais aussi leurs habitudes alimentaires. Ainsi, les Français se sont remis à manger davantage de fruits et légumes depuis les confinements, avec une augmentation de 5% sur un an, un bond historique selon les données des professionnels du secteur. En revanche, le bio connaît un tassement pour la première fois depuis une vingtaine d'années, avec une baisse des ventes de 1%.
Une tendance de fond, renforcée par les confinements
Les ventes de fruits et légumes ont grimpé très nettement dès le mois de mars avec un vrai bond en avril. Pour Laurent Grandin, qui préside Interfel, la filière des fruits et légumes, cette progression inédite s'explique par un changement du cadre de vie des consommateurs, du fait de la pandémie de Covid-19. "En une année, la consommation a autant progressé que durant les dix dernières années. Pendant les deux mois du premier confinement; les gens étaient coincés à la maison avec les enfants, ils ont cuisiné plus que d'habitude et ont retrouvé, semble-t-il, le chemin du frais", avance-t-il auprès d'Europe 1. "C'est une habitude qui devrait s'ancrer, comme le télétravail", prédit-il.
"Il y a aussi un autre phénomène déjà observé depuis 2018-2019 : une hausse des ventes de fruits et de légumes liée à une végétalisation du contenu de notre assiette", ajoute de son côté l'économiste Pascale Hébel, spécialiste du comportement des consommateurs. "Les Français veulent baisser la consommation de produits animaux et pour remplacer ces produits ils se sont mis à consommer un peu plus de fruits et légumes", détaille-t-elle, également auprès d'Europe 1.
Cette tendance de fond a été de nouveau exacerbée, mais dans une moindre mesure, lors du second confinement en novembre. Mais malgré cette forte hausse, les Français ne mangent toujours pas les 400 à 500 grammes de fruits et légumes par jour recommandés dans le plan national de nutrition, et stagnent autour de 350 grammes par jour en moyenne.
Le bio supplanté par le local, plus rassurant pour le consommateur
Concernant la chute du bio, Pascale Hébel évoque la mise en place, ces dernier mois, d'un "arbitrage du prix" face à un contexte économique incertain. "La baisse de 2 à 3% du pouvoir d'achat au troisième trimestre 2020 a conduit des populations qui s'étaient élargies sur les achats de bio à se détourner de ces produits", car ceux-ci sont généralement plus coûteux.
Selon elle, l'attrait pour le bio a été d'une certaine manière supplanté par la recherche de circuits courts. "On essaye d'acheter des produits locaux français, c'est-à-dire que l'on cherche à privilégier les producteurs qui sont proches de chez soi par esprit de solidarité, mais aussi parce que ça rassure dans un contexte anxiogène, alors que l'on ne sait pas toujours d'où vient le bio."