Les États doivent intervenir pour réguler les prix de l'énergie quand les marchés se montrent incapables de le faire, a estimé mercredi dans un entretien à l'AFP le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. "Nous continuons à penser avec le président de la République qu'il est dans l'intérêt de tous les pays européens de faire baisser les prix de l'énergie sur le marché. Quand les prix s'emballent, les Etats doivent intervenir. Les prix atteignent des sommets, les Etats doivent intervenir", a expliqué Bruno le Maire, avant un entretien avec ses homologues allemands Robert Habeck (Economie et protection du climat) et Christian Lindner (Finances).
A l'issue de la réunion, le ministre français a réitéré la "nécessité de soutenir à la fois les ménages et les entreprises privées dans cette lutte contre l'inflation" en employant "tous les moyens possibles". Christian Lindner l'a rejoint en ajoutant toutefois qu'il ne fallait pas "alimenter davantage l'inflation en renforçant la demande" ni "contrer les mesures des banques centrales", qui augmentent leurs taux pour limiter la hausse des prix.
Réformer l'indice phare du marché gazier
Pour faire baisser les prix de l'énergie, la Commission européenne a présenté mardi des propositions visant à réformer l'indice phare du marché gazier, éviter des prix extrêmes et définir un niveau obligatoire d'achats en commun, mais sans plafonner le prix du gaz utilisé pour produire de l'électricité, à l'instar de ce qui a été mis en oeuvre en Espagne et au Portugal.
La France essaye depuis des semaines "d'obtenir un accord sur la baisse des prix de l'électricité au niveau européen, notamment par l'extension du mécanisme ibérique à tout le continent européen. Nous continuerons à nous battre dans ce sens, comme nous continuerons à nous battre pour la disjonction du prix du gaz et du prix de l'électricité", a déclaré à l'AFP le ministre français. L'Allemagne y est elle réticente.
Mise en garde contre l'effondrement du système
Si la Commission européenne ne fait rien sur les prix de l'énergie, "c'est une forme de suicide économique de l'Europe", a averti au micro de BFM Business Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du Commerce et de la Distribution. "Il va falloir augmenter massivement les prix pour tenir mais en même temps si on le fait, il va y avoir une dégradation des volumes vendus", a-t-il ajouté, mettant en garde contre un effondrement du système qui ne laisserait pas le choix quant à "un nouveau quoi qu'il en coûte".
Bruno Le Maire a déclaré vouloir "maintenir le filet de sécurité qui existe déjà pour les plus petites entreprises. 1,5 million de TPE sont aux tarifs régulés de vente (TRV). Nous maintiendrons ce tarif-là". Pour les autres entreprises énergo-intensives, "nous présenterons des solutions dans les jours qui viennent, et nous y travaillons notamment avec la CPME", a encore indiqué Bruno Le Maire.