Le ministère des Finances a dévoilé mardi ses prévisions macroéconomiques pour 2017, et c'est tout sauf un détail : ces chiffres permettent de dresser un premier bilan de l'action du gouvernement, mais aussi de savoir quelles seront ses marges de manœuvres budgétaires pour les derniers mois du quinquennat. Bercy a annoncé une croissance de 1,5%, un déficit réduit à 2,7% du produit intérieur brut (PIB) et une dette ramenée à 96% du PIB, mais que signifient ces chiffres ?
Une croissance qui se maintient mais reste faible. Michel Sapin a précisé que la croissance devrait s'établir à 1,5% en 2017, comme en 2016. Côté pile, cela montre que l'activité économique s'est stabilisée après avoir calé entre 2012 et 2014. De plus, cette prévision est cohérente avec celle de la Banque de France et de l'OCDE, seul le FMI se montrant plus pessimiste et prévoyant 1,2%. Cette prévision est également cohérente avec celle de la Banque centrale européenne, qui prévoit une croissance de 1,6% l'an prochain dans la zone euro.
Côté face, c'est moins que les 1,7% évoqués par François Hollande en début d'année et cela montre que la France risque d'être confrontée à une croissance molle pendant encore plusieurs années. Sans oublier que la bataille du chômage continuera d'être ardue à moyen terme, les économistes estimant que le nombre de demandeurs d'emploi ne commence à baisser qu'à partir de 1,5% de croissance.
"L'élan pris par la croissance va se poursuivre", a commenté Michel Sapin, selon qui "depuis le début de l'année, les moteurs internes de notre croissance sont plus vigoureux qu'escompté". L'investissement des entreprises pourrait par exemple augmenter de 3,5%, toujours selon Bercy.
Un déficit enfin ramené sous les 3% en 2017. Le ministère des Finances a annoncé mardi qu'il maintenait sa prévision de déficit public à 2,7% du produit intérieur brut (PIB) en 2017 après 3,3% cette année. Même si l'Etat continue actuellement à dépenser plus qu'il ne gagne, la France pourrait néanmoins enfin respecter la règle d'or européenne limitant le déficit à 3% du PIB, après des années dans le rouge. Depuis 2007, la France n'a cessé d'obtenir des dérogations de la Commission européenne, ce qui a à la fois affaibli le pouvoir de cette dernière et irrité les autres pays européens qui ont joué le jeu.
"Sur le quinquennat, nous aurons (...) permis à la France de sortir de la procédure européenne de déficit excessif et effacé les déficits accumulés depuis 2008", s'est félicité Michel Sapin. Reste à savoir si le gouvernement arrivera à respecter cet objectif d'un déficit à 2,7%, la période préélectorale étant propice à multiplier les promesses et cela a déjà commencé : le gouvernement a par exemple annoncé une nouvelle baisse de l'impôt sur le revenu ou encore une revalorisation du point d'indice des fonctionnaires, qui sert à calculer leur rémunération.
"Ces nouvelles mesures ne mettent en aucun cas en danger la trajectoire de notre solde", a assuré le ministre de l'Economie et des Finances. L'opposition ne manquera pas de lui rappeler que certaines des mesures annoncées ne sont pas encore budgétées puisqu'elle n'entreront en application qu'en 2018 : c'est notamment le cas du renforcement du Crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) ou l'extension du crédit d'impôt pour les services à la personne. Ce qui a fait dire à François Fillon, dimanche sur Europe 1, que cette prévision d'un déficit à 2,7% "est bidon. C'est un mensonge"
Dette : la fin de la spirale ? Bercy a également dévoilé ses prévisions en termes de dette publique, qui devrait passer de 96,1% du PIB en 2016 à 96% en 2017. C'est là aussi une bonne nouvelle puisqu'il s'agirait de la deuxième baisse consécutive, une première : hormis en 2000 et en 2006, la dette ne jamais cessé de se creuser. Mais si la dynamique est bonne, la France part de loin avec une dette publique désormais supérieure à la moyenne de la zone euro, selon les données d'Eurostat.
Les prélèvement obligatoires ne baissent toujours pas. La dernière prévision dévoilée par Bercy était également très attendue, surtout en ces temps de "ras-le-bol fiscal". Malgré une nouvelle baisse des impôtsannoncée cet été, le taux de prélèvements obligatoires (impôts, taxes et cotisations confondus) devrait rester inchangé : 44,5% du PIB en 2017 comme en 2016. Le gouvernement avait pourtant annoncé au printemps qu'il espérait le faire revenir à 44%.