Atteindre le plein-emploi d’ici à la fin du quinquennat et, surtout, faire des économies. Un double objectif que l'exécutif entend atteindre à travers un nouveau coup de rabot sur l'assurance-chômage. L'État, qui a déjà annoncé 10 milliards d'euros d'économie pour cette année et 20 milliards pour l'année prochaine, compte sur cette nouvelle réforme qui pourrait accentuer la dégressivité des allocations et réduire la durée d’indemnisation des demandeurs d’emplois. Il s'agirait, par ailleurs, d'un troisième acte après une première réforme, en 2019, et une autre, l'année dernière.
Suffisant pour obtenir les effets escomptés ? Rien n'est moins sûr. D'abord, appliquer un nouveau tour de vis alors que le chômage repart à la hausse irait contre le principe de la dernière réforme, qui a instauré le principe de contracyclicité. C'est-à-dire un durcissement des conditions d'indemnisation lorsque le taux de chômage est faible et un assouplissement lorsqu'il remonte à hauteur de 9%.
Un mal très français
Cette nouvelle réforme est donc une mauvaise idée, selon l'économiste Bertrand Martinot. "Il y a une règle, laissons-la jouer. Ce n'est pas une très bonne politique de durcir les règles quand le chômage remonte pour des raisons conjoncturelles. Parce que la croissance est quasi nulle et que les créations d’emplois sont très faibles".
Une telle réforme ne garantira donc pas une hausse du taux d'emploi et ne permettra pas non plus de soulager significativement les finances publiques, avance Bertrand Martinot. "Ça ne rapporterait pas énormément d’argent, car en fait, c'est une petite minorité de chômeurs qui utilisent la totalité de leurs droits. On parle de quelques dizaines de millions, au mieux quelques centaines de millions d’euros. Or, la question des finances publiques se joue par paquet de milliards d’euros".
Si le gouvernement avançait dans son idée, il succomberait également à un mal très français. Celui qui consiste à enclencher une nouvelle réforme alors que la précédente est encore trop récente pour être évaluée.