La question va se poser de manière de plus en plus insistante à l’approche de 2017 : quel est le bilan du quinquennat de François Hollande ? L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) apporte un début de réponse avec une étude publiée lundi et consacrée à son action économique. Et le résultat est en demi-teinte. Passage en revue des forces et faiblesses du mandat de François Hollande à l'Elysée.
Un choc fiscal rapidement devenu inégalitaire. L’impression de ras-le-bol fiscal qui s’est propagée au cours des dernières années ne doit rien au hasard : François Hollande, comme son prédécesseur, a fait sensiblement grimper la pression fiscale, surtout au détriment des ménages.
D’après les calculs de l’OFCE, les ménages et les entreprises ont vu leurs prélèvements obligatoires flamber de 52 milliards d’euros en 2012 et 2013. Pour les ménages, cela s’est traduit par une hausse de l’impôt sur le revenu, de la CSG, de l’ISF ou encore des cotisations sociales, via la réforme des retraits. Cette dynamique s’inverse à partir de 2014, mais pas pour tout le monde : alors que les entreprises commencent à bénéficier du CICE et du Pacte de responsabilité, les ménages continuent à payer toujours plus d’impôts.
Au final, l’OFCE décompte "27 milliards d’euros d’augmentation de la charge fiscale globale mais répartie très différemment : plus de 20 milliards de baisse pour les entreprises contre 35 de hausse pour les ménages (et 13 milliards d’augmentation ne pouvant être scindés entre ménages et entreprises)". On comprend mieux pourquoi le gouvernement souhaite annoncer une baisse d’impôt cette semaine, alors que Bercy estime que l’Etat n’en a pas les moyens.
Chômage : un bilan négatif mais des motifs d’espoir. L’emploi est l’un des domaines où François Hollande était le plus attendu, d’autant qu’il a rapidement promis une inversion de la courbe du chômage. Si cette dernière est désormais entamée, le bilan depuis 2012 reste clairement négatif.
Avant de passer aux chiffres, le CICE tient d’abord à souligner le rôle de la crise de 2008, qui a fait bondir le chômage sous Nicolas Sarkozy et a continué à dégrader le marché de l’emploi sous François Hollande. Ce dernier a alors multiplié les dispositifs, avec des effets très variables : le CICE et le Pacte de Responsabilité "permettraient de créer ou sauvegarder de l’ordre de 230.000 emplois à l’horizon 2017", mais la prime temporaire à l’embauche pour les PME et les contrats de génération ont eu des effets anecdotiques. Résultat, "sur l’ensemble du quinquennat, le chômage au sens du BIT augmenterait d’environ 100.000 personnes". En y ajoutant les travailleurs qui occupent un temps partiel subi ou encore les chômeurs qui ont cessé de s’inscrire à Pôle emploi, "ce sont près de 6 millions de personnes qui se trouvent fragilisées vis-à-vis de l’emploi, soit 8 % de plus que 4 ans auparavant". Malgré "une décrue prévue en fin de mandat", le bilan est donc négatif.
Dette, déficit : la France limite la casse, mais à quel prix ? Là aussi, la crise de 2008 a laissé des traces. La chute de l’activité et la hausse du chômage qui s’en sont suivis ont fait rentrer moins d’argent dans les caisses de l’Etat au moment où ses dépenses pour limiter les effets de la crise bondissaient. Résultat, le déficit et la dette ont bondi et sont devenus un dossier prioritaire pour François Hollande lors de son arrivée à l’Elysée.
"Au début du quinquennat, l’ajustement a été réalisé uniquement par une hausse des prélèvements obligatoires (PO) tandis qu’à la fin l’ajustement repose uniquement sur la dépense publique", résume l’OFCE. Ce dernier estime qu’au final, le bilan est plutôt positif : l’écart entre les dépenses et les recettes a été réduit et la progression de la dette a été stoppée pour atteindre le même niveau que la moyenne européenne. Mais cela c’est fait au prix d’une hausse des impôts et autres prélèvements qui a handicapé la croissance. Et au final, même si François Hollande a fait mieux que ses prédécesseurs, la France continue de dépenser plus qu’elle ne gagne.
Le bilan. L’action de François Hollande peut donc être analysée en deux phases, avec deux premières années consacrées à préserver les comptes de l’Etat puis les deux suivantes au profit des entreprises. Résultat, si l’Etat est presque arrivé à contenir ses dépenses et à redonner de l’air aux entreprises, les particuliers sont les grands perdants du quinquennat, avec un pouvoir d’achat en baisse. L’OFCE en conclut néanmoins que "la France de 2017 devrait se trouver dans une dynamique économique plus positive qu’en 2012". La dernière année du quinquennat pourrait donc être la meilleure, même si le Brexit et la fragilité de certaines banques de la zone euro pourraient tout compromettre.