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Margaux Fodéré / Crédit photo : MAEVA DESTOMBES / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
Au lendemain des résultats des élections législatives, deux agences de notation, Standard and Poor’s et Moddy’s ont fait part de leurs craintes sur l’évolution des finances publiques françaises. La France pourrait payer cher le prix de l’immobilisme.

L’incertitude politique va-t-elle aggraver les finances publiques déjà dans le rouge ? Deux agences de notation tirent la sonnette d’alarme. Alors que la France est visée par une procédure européenne pour déficit excessif, Standard and Poor’s ainsi que Moody’s mettent en garde contre une dégradation de la note française dans les prochains mois.

Le scénario d’une Assemblée paralysée pourrait ralentir, voire interrompre les efforts entrepris récemment pour réduire la dette. À commencer par certains textes qui doivent, entre autres, renflouer les caisses de l’État et donc contribuer à résorber le déficit. 

La possible abrogation de la réforme des retraites vue comme un mauvais signal

C’est le cas de la réforme des retraites, avec plusieurs milliards d’euros d’économies attendus et des effets sur l’emploi. "Cette réforme fait économiser 13 milliards d’euros au système de retraite à horizon 2030", calcule Nicolas Marques, directeur général de l’Institut économique Molinari. 

Pour Moody’s, son abrogation serait un très mauvais signal. "Ça fait partie des éléments d’inquiétude de Moody’s, d’autant plus dans un contexte où le déficit public en sortie de crise est relativement élevé. On est à 5,5% de PIB de déficit pour 2023 et ça faisait d'ailleurs partie des mauvaises nouvelles avant la dissolution, c’est-à-dire que ce déficit était plus élevé que prévu", explique Mathieu Plane, économiste et directeur adjoint à l’OFCE.

Le risque d'une Assemblée paralysée ?

Surtout, les agences de notation craignent le scénario d’une Assemblée complètement paralysée, incapable d’adopter de nouvelles politiques pour assainir les finances publiques. Le plan présenté par la France au printemps, et qui fixe la trajectoire pour les prochains mois, pourrait déjà voler en éclats. "Je pense que c’est cela qui produit les prises de parole des agences : l’année prochaine est censée être une année vraiment charnière pour la stabilisation des finances publiques. S’il y a remise en compte de cette trajectoire, bien évidemment les agences doivent le prendre en compte", prévient Gilles Moec, le chef économiste du groupe Axa. 

De quoi annoncer une rentrée de septembre tendue avec l’élaboration et le passage du budget 2025 à l’Assemblée suivis, quelques mois plus tard, de l’actualisation des notes par les différentes agences.