Ils étaient au cœur des discussions lors de l’épisode de la réforme des retraites : les seniors reviennent cette fois-ci dans les débats autour de l’assurance chômage. Ce jeudi, le ministre de l’Économie a réaffirmé qu’il souhaitait voir la durée d’indemnisation des chômeurs de plus de 55 ans réduite et alignée sur celle des autres chômeurs. Bruno Le Maire dit y voir un levier pour améliorer leur situation sur le marché du travail et atteindre le plein emploi. Si l’on en croit les chiffres de la DARES au troisième trimestre 2023, le nombre de Français de plus de 50 ans sans activité a diminué de 6,5% en un an. Sauf que la réalité est bien différente.
Un manque d'accompagnement
Il suffit de regarder la durée moyenne du chômage : elle est au moins deux fois plus élevée chez les Français de plus de 55 ans. 713 jours au troisième trimestre 2020, contre 312 jours en moyenne pour l’ensemble des demandeurs d’emploi. Autrement dit, pour un senior, retrouver un emploi est un véritable parcours du combattant. C’est ce que vit Dominique, 60 ans : elle a perdu son emploi d’assistante de direction il y a deux ans et demi. "Je n’ai eu qu'un seul entretien en deux ans et demi. J’ai des alertes programmées tous les jours, je regarde quels sont les postes, je vais à des salons du travail. Malheureusement les clichés qui collent aux seniors, moins adaptables, obsolètes, tombent plus souvent, je pense que ces clichés là ont la dent dure", s'attriste-t-elle.
Pour trouver, Dominique a élargi ses recherches. Mais certaines propositions de pôle emploi lui paraissent étonnantes : "Je reçois aussi des propositions pour des formations de type agent de sécurité. Je trouve qu’à 60 ans, en tant que femme mesurant 1m63 ça fait beaucoup de sens", raille-t-elle. Pour Benoit Serre, vice-président de l’ANDRH, l’Association nationale des DRH, ce manque d’accompagnement participe au chômage de longue durée des seniors. "La réaction de pôle emploi n’est pas assez rapide. Et donc un senior qui n’a pas un emploi pendant 8 mois, 10 mois, 12 mois s’éloigne beaucoup plus vite qu’un autre de sa capacité à un retrouver un autre", détaille-t-il. Pour y remédier, l’ANDRH demande un plan "Un senior, une solution" sur le modèle de la plateforme "Un jeune, une solution".