Mesure phare de la protection du pouvoir d'achat des Français, le bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement en octobre dernier a été prolongé jusqu'à la fin de l'année. Pourtant, certains Français voient leur facture de gaz augmenter. Mais comment cela est-il possible ? Cela dépend en fait du type de contrat que vous avez souscrit. Ça a été une mauvaise surprise pour Chloé le 8 août dernier. En regardant son courrier, elle découvre que sa facture de gaz pour l'année 2022-2023 a augmenté : 180 euros par mois, contre 148 euros l'an passé.
Une augmentation de 22%
Une hausse de 22% qu'elle ne comprend pas. "Malgré le fait que ma consommation ait diminuée, je paie plus." Pourtant, elle a "quand même fait attention", en essayant "d'anticiper un peu les augmentations". En janvier, elle avait reçu un mail, mais ne l'avait pas ouvert. Son fournisseur la prévenait que les tarifs allaient augmenter.
L'explication se trouve en bas de son contrat : Chloé a souscrit une offre indexée sur le tarif réglementé du gaz, le tarif établi par les pouvoirs publics.
Un bouclier qui ne protège pas
Sauf que son abonnement n'est pas protégé par le bouclier tarifaire. "Le fournisseur est autorisé à envoyer un courrier dans lequel il peut dire qu'il va modifier ses tarifs", explique Jean-Baptiste Hecquet, spécialiste de l'énergie chez Sia Partners. "Si sous un mois, le client n'a pas résilié son abonnement, à partir du moment où l'énergie a été consommée, il peut commencer à la facturer à ce prix-là."
Pas de gel des prix non plus pour les Français qui ont souscrit une offre indexée sur les prix du marché. "Si le marché fait plus de 50%, vous allez payer 50% de plus. S'il fait 50% de moins, vous allez payer 50% de moins", confirme le spécialiste. "Ça, vous ne pouvez absolument rien faire sur un contrat que vous avez signé. Et le bouclier tarifaire ne vous protège pas du tout." Au total, près de huit millions de Français pourraient voir leur facture augmenter malgré le gel des prix.
Évolution des prix liée à la Russie
Le cours du gaz a atteint 295 euros le mégawattheure lundi, des niveaux historiques. Les prix risquent de rester élevés dans les mois à venir à cause de l'incertitude qui pèse sur les approvisionnements en gaz, en particulier avec l'arrêt pour maintenance du pipeline North Stream 1. "L'incertitude majeure, c'est, à partir de début septembre, qu'est-ce qui se passe ? Est-ce que les Russes continuent cette fermeture de robinets de Nord Stream 1 qui est prévue pour trois jours ? Ou est-ce qu'ils rouvrent, et à quelle intensité ?", s'interroge l'économiste Christian de Boissieu.
"Il est clair que l'évolution des prix du gaz au plan mondial et en Europe, et donc en France, va quand même est très liée à cette décision politique dans le contexte que vous savez sur l'affrontement en Ukraine", conclut-il.