"Ça me fait rire, je ne vous le cache pas." Voilà ce que répond Anthony Cremer Capocci, propriétaire d'une société de food truck italien, quand on lui parle d'augmenter les salaires pour recruter. C'est pourtant la solution proposée par Bruno Le Maire lors des universités d'été du Medef, syndicat patronal, à l'hippodrome de Longchamps. Le ministre de l'Économie a appelé les entrepreneurs à faire évoluer les rémunérations pour attirer les candidatures, alors que la rentrée économique est plutôt marquée par l'optimisme mais que certains secteurs manquent de bras.
Anthony Cremer Capocci l'assure, augmenter les salaires, il "aimerait" et "ne demande que ça". Mais les calculs ne sont pas bons et les cotisations patronales trop élevées, peste-t-il. "Je préfère donner un salaire plus élevé à une personne qui se donne corps et âme pour ma société et en donner peut-être un peu moins à l'État par exemple."
"Nous n'avons pas de marge de manœuvre"
Si la question des salaires se pose urgemment, c'est parce que la pénurie de main d'œuvre s'est amplifiée avec le Covid-19. Le thermalisme, par exemple, n'avait aucun problème de recrutement avant la crise sanitaire. Aujourd'hui, il y a 15 à 20 % d'emplois non pourvus. Ce qui ne convainc toujours pas le délégué général du conseil national des établissements thermaux, Claude Eugène-Bouvier, de relever le curseur des salaires. "Les établissements thermaux ont déjà subi de lourdes pertes, une baisse très sensible de la fréquentation de l'ordre de 60% en 2020", avance-t-il. "Nous n'avons pas réellement de marge de manœuvre pour pouvoir augmenter significativement le niveau de rémunération."
Mais si la pénurie persiste, les entreprise n'auront pas d'autres choix que de revaloriser les salaire. C'est le principe de la loi de l'offre et de la demande, a rappelé le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. Celui-ci prévient toutefois : augmenter les salaires, cela rime avec une augmentation des prix. Il invite donc chacun à s'interroger sur l'économie du low-cost.