Le déplacement fut délicat. François Hollande est revenu lundi à Florange pour visiter le site d'ArcelorMittal et, surtout, vanter son action pour sauver ce site industriel. Mais pour les organisations syndicales, ce fut surtout l'occasion de rappeler au président de la République ses "engagements non tenus", dixit la CGT. C'est donc très discrètement que François Hollande est arrivé sur place lundi après-midi, accueilli par une partie seulement des salariés. Après avoir visité des installations, il a tenu un discours pour défendre son bilan.
Les principales informations à retenir :
• Florange est un symbole du quinquennat Hollande, le président s'y était déjà rendu en 2013 et 2014.
• François Hollande a défendu son action en faveur de la sidérurgie.
• Les syndicats contestent les choix du gouvernement.
Que s'est-il passé à Florange en 2012 ? Menacés de fermeture, les hauts fourneaux de Florange sont devenus l'un des points de fixation de la campagne présidentielle en 2012. François Hollande promet alors de sauver le site, soit en obligeant le propriétaire de le céder à un repreneur, soit en nationalisant le site. Après des mois de négociations, l'Etat et ArcelorMittal trouvent un accord : les hauts fourneaux vont bien fermer mais ils vont être remplacés par d'autres activités et aucun employé ne sera abandonné par l'Etat. L'entreprise s'engage également à investir sur ce site. Pour François Hollande, le compte y est donc.
Qu'a déclaré François Hollande lundi ? Le président de la République a assuré le service après-vente de son action en Moselle. Évoquant ses "trois engagements" pris en 2012, François Hollande a estimé qu'ils avaient tous été tenus. "Je viens pour montrer que des engagements peuvent être tenus", a-t-il déclaré, soulignant qu'aucun salarié n'a été licencié, que "180 millions ont été investis" et qu'un centre de recherche a remplacé les hauts fourneaux fermés. "C'est le signe que ce combat a été gagné", s'est-il félicité.
François Hollande en a aussi profité pour répondre à ses détracteurs, et notamment à Arnaud Montebourg : "une nationalisation partielle n'aurait eu aucun impact", a-t-il affirmé. Et le président de finir par une note plus optimiste en soulignant que Florange est "le symbole du renouveau. Pour ce qui me concerne, ce n'est pas un souvenir mais un avenir".
Qu'en pensent les syndicats ? Ce "sauvetage" a laissé un goût amer aux représentants des salariés, persuadés que le site était viable. Surtout, ils remettent en cause l'effort financier consenti par ArcelorMittal : alors que la direction assure avoir investi les 180 millions d'euros promis, et même être allé jusqu'à 200 millions d'euros, les syndicats estiment que celle une petite partie a servi à préparer l'avenir. Selon la CGT du site, seuls 53 millions d'euros ont été consacrés à des investissements stratégiques, le reste allant en particulier à la maintenance des installations et à des formations à la sécurité. En clair, le site n'est pas une priorité pour l'entreprise et pourrait bien être à nouveau menacé de fermeture un jour.
La CGT a donc refusé d'accompagner François Hollande dans sa visite. A la place, l'organisation syndicale a distribué des tracts dès 8h30 et tenu une conférence de presse pour dénoncer "pièces à l'appui" les "engagements non tenus". Force ouvrière a également boycotté la visite. Pour rappel, ce syndicat avait même installé une pierre tombale pour ironiser sur les "promesses non tenues" du président Hollande.
Au fait, qu'est devenu le site d'ArcelorMittal ? Conformément aux promesses présidentielles, le site de Florange n'a pas fermé et aucun des 629 employés n'a été licencié, bénéficiant soit d'un reclassement, soit d'une préretraite. En revanche, les hauts fourneaux ont bien été fermés : désormais, ce site est spécialisé dans les aciers à haute résistance, destinés à l'industrie automobile ou à l'emballage. Le groupe ArcelorMittal a également investi dans un centre de recherche sur l'avenir de la sidérurgie et les défis à venir pour cette filière. Mais les syndicats soulignent qu'un tel centre existe déjà et n'était pas prioritaire.