Le patron des patrons garde un oeil sur le livre des comptes... en toutes circonstances. Pour sa première conférence de presse post-attentats, le président du Medef Pierre Gattaz est resté fidèle à sa ligne de conduite et a demandé à l'Etat de poursuivre la réduction des dépenses publiques. Une sortie qui intervient quelques heures après que le gouvernement a annoncé des renforts pour les forces de sécurité, une rallonge budgétaire qui va immanquablement empêcher la France de respecter ses objectifs de réduction du déficit.
"Il faut faire des économies par ailleurs". "Il est sans doute nécessaire de renforcer les mesures de sécurité et de prévention, a déclaré Pierre Gattaz, mais il faut absolument continuer l'optimisation de la sphère publique. On ne peut pas laisser partir à vau-l'eau les dépenses publiques". Et le président du Medef d'ajouter : "il faut faire des économies par ailleurs, faire mieux avec moins". "Il faut être vigilant sinon on va de nouveau asphyxier l'économie française, je dis attention", a encore déclaré le principal représentant du patronat français, qui s'est déclaré "pas à l'aise" avec les propos de François Hollande qui a dit lundi que "le pacte de sécurité (l'emportait) sur le pacte de stabilité" budgétaire. Pierre Gattaz a donc appelé à "ne pas perdre de vue" l'objectif de baisser les dépenses publiques de 57% du produit intérieur brut à 50% d'ici à 2020.
Un Budget 2016 devenu caduques. Devant le Congrès réuni lundi à Versailles, le chef de l'Etat a annoncé la création en France de 5.000 emplois supplémentaires dans la police et la gendarmerie, 2.500 dans la justice et 1.000 dans les douanes. François Hollande a dit "assumer" ce surcroît de dépenses car "le pacte de sécurité l'emporte sur le pacte de stabilité" budgétaire. "Cela va se compter en centaines de millions d'euros (...) C'est bien un surcoût. Malgré tout, cela reste compatible avec nos équilibres et ne remet pas en cause nos engagements européens", a-t-on assuré lundi du côté du ministère des Finances.
"Nous devons donner tous les moyens, comme cela n'a jamais été fait dans notre pays, à la police, à la gendarmerie ainsi qu'aux services de renseignement", a déclaré le Premier ministre mardi sur France Inter. Les engagements budgétaires européens de la France, a-t-il poursuivi, "seront forcément dépassés. Nous devons l'assumer et l'Europe doit le comprendre". "Il est temps aussi que l'Union Européenne, la Commission européenne comprenne aujourd'hui que c'est un combat qui concerne la France mais aussi l'Europe. Nous sommes intervenus au Mali pas seulement pour le Mali, pas simplement pour la France, mais aussi pour l'Europe", a argumenté le Premier ministre.