À Saint-Loubès, au nord de Bordeaux, la mairie dit faire face à des abus aux arrêts de travail. Pour contrer ces absences, la municipalité a décidé de prendre le problème à l'envers et de récompenser ceux qui font leurs heures. Concrètement, ce dispositif va permettre de verser une prime de "présentéisme" aux employés assidus.
En clair, l'agent recevra 800 euros s'il n'a pas eu plus de quatre jours d'arrêt au cours de l'année. Puis, c'est dégressif à hauteur de 40% de cette prime, s'il n'a pas dépassé entre cinq et neuf jours ouvrés d'absences. Entre dix et 12 jours, ce ne seront plus que 10% de la somme. Et rien du tout au-delà de 12 jours d'absence. Cette mesure ne concerne pas les congés que l'on pose pour une naissance, un décès ou encore à cause d'un accident du travail.
Une proposition "attaquable" en justice
Un dispositif qui a fait bondir Paule Castebrunet, secrétaire Force ouvrière du syndicat des petites communes. "Donner des primes aux agents parce qu'ils sont là et qu'ils font le boulot des collègues, ou enlever des primes aux agents car ils sont malades, c'est impossible", explique-t-elle, avant d'ajouter qu'elle compte attaquer la municipalité : "Avec le décret de 2014 sur le Rifseep (régime indemnitaire des fonctionnaires de l'État, NDLR), c'est interdit, c'est attaquable. Vous imaginez faire un truc pareil ? Vous allez monter tous les agents les uns contre les autres."
La syndicaliste poursuit et s'alarme au micro d'Europe 1 : "Il y a des agents qui vont être malades, à qui parfois, il faut quatre jours d'arrêt, cinq jours, deux jours. Ils vont quand même venir travailler malades parce qu'ils savent qu'à la fin de l'année, dans la quarantaine, qu'ils ne vont pas avoir leurs primes normalement, ce n'est pas acceptable."
25 agents sont en arrêt en permanence dans la commune
Du côté de la mairie, on dénonce l'absentéisme récurrent des agents. "Les résultats de 2019 était de plus de 17% de temps perdu en raison de l'absentéisme. Ça correspond à 25 agents en arrêt en permanence, donc on est de l'ordre de 900.000 euros de coût à la collectivité, détaille la maire Emmanuelle Favre.
Des chiffres qui justifient selon la maire sans-étiquette de prendre une telle mesure : "L'idée est de valoriser que ceux qui sont là. Néanmoins, l'idée, c'est vraiment d'être dans un travail autour du bien-être et de ne pas se limiter à cette prime. Il y a souvent des discussions qui n'ont pas eu lieu ou des choses qui ont été identifiées et qui amènent à ces arrêts maladie. Notre souhait, ce serait qu'il y ait un dialogue avant qu'on soit à la case arrêt maladie plutôt que de se retrouver avec des agents en souffrance et en arrêt alors qu'on aurait pu résoudre le problème avant", conclut Emmanuelle Favre.