Toujours pas d'accord en vue. Les négociations marathon pour éviter à la Grèce un défaut de paiement qui ont eu lieu jeudi à Bruxelles n'ont, une fois encore, pas débouché sur un accord entre la Grèce et ses créanciers internationaux.
>> Voici les principales informations à retenir :
• Aucun accord n'a été trouvé mais "le travail continue"
• L'Eurogroupe devrait se réunir à nouveau samedi
• Le FMI exclut de ne pas être payé comme prévu
Des sons de cloche divergents. Y a-t-il néanmoins des raisons d'espérer après la réunion des ministres des Finances de la zone euro ? Les voix sont divergentes sur le sujet. La Grèce et ses créanciers sont encore "plus éloignés" d'un accord qu'avant, a estimé le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble tandis que pour le commissaire européen Pierre Moscovici "les points de vue se rapprochaient". Encore plus optimiste, François Hollande a pour sa part estimé que l'UE "n'était pas loin" de trouver un accord avec la Grèce jeudi.
"Ce qui est intéressant, c'est que plusieurs collègues ont exprimé leur désaccord et critiqué non seulement notre texte mais aussi le texte des institutions", a pour sa part déclaré Yanis Varoufakis, le ministre grec des Finances, à l'issue de la réunion. Il a ajouté que les créanciers allaient de nouveau étudier les deux séries de propositions et que les négociations allaient se poursuivre jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée. "Nous allons continuer nos discussions, les institutions vont de nouveau examiner les deux documents, nos documents et les leurs, il va y avoir des discussions avec le gouvernement grec et nous allons continuer jusqu'à ce que nous trouvions une solution", a-t-il dit à la presse.
La date butoir approche. Pour obtenir un nouveau prêt salvateur de 7,2 milliards d'euros, la Grèce doit engager des réformes pour réaliser trois milliards d'économie en 2015. Et le temps presse : le 30 juin, soit dans cinq jours, la Grèce devra rembourser près de 1,6 milliard d’euros au FMI. Or, personne ne sait si elle dispose de cette somme dans ses caisses, et si elle parviendra à payer sans un nouveau prêt. Jeudi, le FMI a remis un coup de pression sur la Grèce : "nous nous attendons à ce que le paiement soit fait le 30 juin et c'est ce que les autorités grecques ont publiquement dit", a ainsi déclaré Gerry Rice, le porte-parole du Fonds monétaire international.
Une nouvelle réunion samedi ? Si la réunion s'est terminée sans accord, le travail se poursuivra avec les institutions créancières, selon plusieurs sources européennes. Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a d'ailleurs déclaré que la porte restait ouverte pour que la Grèce accepte les propositions des créanciers. "C'est fini pour aujourd'hui. Les institutions et la Grèce continuent à travailler. L'Eurogroupe se réunira plus tard, mais pas aujourd'hui", a tweeté de son côté le ministre finlandais des Finances, Alexander Stubb. Plusieurs sources ont indiqué que la prochaine réunion pourrait avoir lieu samedi.
Qu'est-ce qui bloque encore ? Cette fois, le désaccord ne semble plus provenir du contenu des réformes proposées par Athènes. Selon les informations d'Europe 1, c'était quasiment bouclé jeudi matin, même sur le dossier des retraites, principal point de désaccord entre la Grèce et le FMI. Les points d'achoppement porteraient désormais sur le degré de priorité des réformes. Alexis Tsipras s'est engagé à faire voter dès ce weekend un panel de mesures à engager tout de suite, comprenant notamment une refonte de la TVA. Mais certains créanciers (FMI, Allemagne, Irlande, Espagne et Slovaquie) demandent à Alexis Tsipras de s'engager sur une liste plus longue de réformes à mettre en oeuvre immédiatement. Depuis mercredi soir, la tension était néanmoins palpable : Athènes a ainsi accusé mercredi le FMI d'intransigeance "criminelle".
Et si le désaccord persistait ? Si Athènes n'honore pas ses engagements envers le FMI, la Grèce risque d'être exclue de la zone euro. Le ministre français des Finances, Michel Sapin, s'est inquiété dimanche de cette "zone inconnue". "Ce serait de la folie que d'entrer, pour deux ou trois milliards de différence (entre Athènes et ses créanciers, ndlr) dans ces eaux troubles et de prendre de tels risques pour l'Eurozone et la Grèce", avait également prévenu Louka Katseli, présidente de la Banque nationale de Grèce (BNG), sur la BBC.
Ce serait surtout le message envoyé aux marchés qui handicaperait la zone euro. "Cela signifierait qu'un Etat peut faire défaut. Les taux d'intérêt augmenteraient, pour la Grèce et pour tous les pays de la zone euro en difficulté, l'Italie par exemple. Certains fonds spéculatifs y verraient une opportunité d'augmenter leurs taux. C'est ça l'enjeu", analysait récemment pour Europe 1 Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank.