À deux jours de l’ouverture du Salon de l’Agriculture, Gabriel Attal a dévoilé mercredi une nouvelle série de mesures pour soutenir les agriculteurs. Parmi les annonces, il y a l’interdiction des importations de produits traités avec du Thiaclopride. Ce nom ne vous dit peut-être rien, pourtant, il attise la colère du monde agricole. Le Thiaclopride est un insecticide interdit en France et en Europe, mais encore utilisé par de nombreux producteurs de fruits et légumes à l’étranger. Des importations vécues comme de la "concurrence déloyale" par les producteurs français.
Le Premier ministre a donc décidé d’interdire dès vendredi les importations de produits traités avec ce pesticide. Mais dans les faits, ça risque d’être très difficile à mettre en place.
Des risques de contournement
D’abord d’un point de vue purement logistique. Il va falloir contrôler la présence de l’insecticide dans les fruits et légumes qui arrivent en France. Or, on le voit aujourd’hui, la loi Egalim n’est pas encore totalement appliquée. Ensuite, il faudra réussir à contrer les contournements. Certains pays pourraient être tentés de passer par d’autres pays intermédiaires pour vendre leurs produits traités au thiaclopride. C’est le cas avec la cerise turque, officiellement interdite en France à cause d’un autre pesticide.
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"La Turquie est le premier fournisseur de l’Union en cerises, notamment vers l’Allemagne et l’Autriche. Ces deux pays consomment une partie des cerises qu’ils importent, mais l’autre partie est réexportée vers l’Espagne, vers la France. Donc là aussi, c'est la difficulté : la France, elle, va cibler les pays comme la Turquie, mais est-ce qu’elle va cible tous les pays, notamment l’Allemagne et l’Autriche, au motif qu’ils seraient susceptibles de réexporter des produits turcs ?", s'interroge Thierry Pouch, chef économiste des Chambres d’Agriculture.
Enfin, les Français sont-ils prêts à se passer de certains fruits et légumes ? Ce n’est pas sûr. Or aujourd’hui, nous en importons beaucoup plus que nous n’en exportons. Autrement dit, nous ne pourrons pas compenser avec la production nationale.