"J'ai eu une angine, j'ai été arrêté trois jours mais je suis allé bosser quand même. Etre à la maison en train de me morfondre, tout seul, ça ne m'intéressait pas trop." Comme ce salarié croisé au pied des gratte-ciel de bureaux de La Défense, près d'un salarié du privé sur quatre s'étant vu prescrire un arrêt maladie en 2018 y a renoncé de façon partielle ou totale, selon une étude sur l'absentéisme au travail publiée mercredi par Malakoff Médéric.
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Quatre points de hausse par rapport à 2016. Selon cette étude réalisée par l'Ifop en mai auprès de 2.010 salariés du secteur privé, 42% des personnes interrogées se sont vu prescrire un arrêt maladie au cours des douze derniers mois. Parmi elles, 23% ont décidé de ne pas respecter leur arrêt maladie, contre 19% en 2016. "Il y en a la moitié qui, en discutant avec le médecin, déclarent ne pas vouloir le prendre, et l'autre moitié rentre chez soi avec un arrêt-maladie et décide de ne pas le prendre", indique au micro d'Europe 1 Anne-Sophie Godon, directrice Innovation chez Malakoff Médéric.
"J'ai commencé à ne plus dormir". "On retrouve de manière plus importante des cadres (22% de non-respect complet), des dirigeants salariés (48%), avec des raisons liées à la conscience professionnelle, mais aussi la peur de revenir au travail avec plus de travail encore qu'en partant", explique Anne-Sophie Godon. C'est ce qui est arrivé à Julien Leclercq, patron de l'agence de communication Com'presse : "J'ai fait un traumatisme crânien à un entraînement de foot et on m'a prescrit un arrêt maladie d'une semaine. Je me suis dit : 'Je ne vais pas m'arrêter'. J'ai repris l'entraînement dès le lundi et j'ai commencé à ne plus dormir. Je suis repassé à l'hôpital, je me suis vraiment arrêté une semaine et ça m'a fait vachement de bien."
L'hôtellerie-restauration particulièrement concernée. "La deuxième catégorie, ce sont des salariés qui travaillent dans des secteurs particuliers, comme le commerce et l’hôtellerie-restauration", observe Anne-Sophie Godon. Le non-respect de l'arrêt maladie atteint 30% chez ces salariés. "Ils voient les conséquences pour l'équipe qui va devoir les remplacer, mais aussi pour l'entreprise." Enfin, sont particulièrement concernés "les salariés qui ne sont pas couverts par une garantie prévoyance en cas d'arrêt maladie et donc pour lesquels la perte de salaire n'est pas possible financièrement", analyse la professionnelle.