Après la douche froide, de nouveau l'espoir. Lundi, les chiffres de Pôle emploi avaient de quoi faire pâlir : ils nous apprenaient que le chômage avait bondi de 0,7% en avril, la plus forte hausse depuis novembre, après des hausses successives en février (0.4%) et en mars (0.4%). Pourtant, le pessimisme n'est plus de rigueur. Et la piste d'une inversion de la courbe du chômage dès 2015 fédère de plus en plus de soutiens.
CEUX QUI CROIENT À UNE BAISSE DÈS 2015
L'OCDE voit une "légère décrue". Les derniers en date à agiter l'espoir d'une inversion dès 2015 sont les économistes de l'OCDE. Selon l'Organisation internationale, qui rassemble 34 pays ayant adopté l'économie de marché, et dont les prévisions font souvent mouche, le taux de chômage devrait entamer une "légère" décrue durant la seconde moitié de 2015, après un pic en milieu d'année, selon des perspectives publiées mercredi. Le chômage atteindrait 10,1% de la population active métropolitaine au premier trimestre (+0,1 point par rapport à fin 2014) puis 10,2% au deuxième, avant de redescendre à 10,1% en fin d'année puis à 10,0% fin 2016, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques.
Rebsamen espère une "baisse" en fin d'année. Ces prévisions confortent celles du ministre du Travail François Rebsamen, qui attend aussi "une baisse du nombre de demandeurs d'emploi en fin d'année". Selon les spécialistes, il faut atteindre 1,5% de croissance pour que l'économie française se remette à créer de l'emploi. Mais ça, c'est le chiffre global sur une année. Or, certains, à l'instar du ministre et de l'OCDE, commencent à dire que si l'on prend trimestre par trimestre, la France, qui a enregistré une croissance de 0,6% au premier trimestre 2015, est déjà bientôt dans le vert. "Il faut un délai de plusieurs mois avant que la reprise de l'activité ne se traduise par des embauches", avance François Rebsamen, pour expliquer des chiffres encore mauvais.
L'OFCE envisage une baisse très bientôt. Le 16 avril dernier, l'OFCE, institut de prévision indépendant, était le premier à afficher son optimisme. Selon lui, le chômage va commencer à baisser dès le deuxième semestre 2015 pour finir l'année à 9,8%, en baisse de 0,2 points par rapport à 2014. "Si tout se passe bien, si le pétrole et l'euro restent bas et que la crise grecque ne dégénère pas, le chômage pourrait commencer à baisser dès les mois qui viennent, dès la mi-2015", estimait également Henri Sterdyniak, économiste à l'OFCE, interrogé par Europe 1 le 13 mai. "0,6% au premier trimestre 2015, c'est un bon chiffre. Si ce rythme perdure, cela pourrait vite se traduire par des embauches dans les entreprises", poursuivait-il.
CEUX QUI RESTENT ENCORE SCEPTIQUES
Sapin plus prudent que Rebsamen. Tout le monde ne se montre toutefois pas aussi optimiste. En avril, Michel Sapin lui-même n'osait parler que de "stabilisation" pour 2015. "Après une stabilisation fin 2015, le chômage devrait baisser en 2016 et en 2017", prédisait le ministre des Finances aux Echos. Un avis que partagent plusieurs analystes.
Et ce n'est pas le seul. "Les études nous prédisent majoritairement une baisse pour le deuxième trimestre 2016, vers septembre. A cette date, ce ne devrait plus être une stabilisation mais bien une baisse", soutient également Christopher Dembik, économiste chez Saxo Bank, contacté par Europe 1.
Stagnation en 2015, baisse en 2016 : c'est également la prévision publiée par la Commission européenne le 5 mai dernier, celle du directeur de la Banque de France émise le 28 avril et celle de l'agence de notation Standard&Poor's, qui a publié une note le 4 avril dernier. "Certaines des mesures fiscales introduites contribuent à stabiliser les marges des entreprises, mais la reprise de l'investissement productif demeure très lente", détaillait l'agence.
Mais ceux qui se montrent les plus pessimistes sont en réalité… les Français eux-mêmes. Selon un sondage publié récemment par Odoxa pour iTELE et Le Parisien/Aujourd'hui en France, ils sont 75% à penser que le chômage ne diminuera pas avant… la fin du quinquennat Hollande, à savoir 2017.