La Banque centrale européenne (BCE) va conserver "un niveau élevé" de soutien à l'économie de la zone euro, en dépit de la réduction de son programme de rachats de dette, a annoncé jeudi son président Mario Draghi.
"Un degré élevé de stimulation monétaire demeure indispensable", a déclaré à la presse Mario Draghi, dans une formule codifiée reflétant la position d'équilibriste du patron de l'institution face à la presse. D'un côté, a-t-il souligné, l'inflation en zone euro "n'est toujours pas" conforme à l'objectif de la BCE, soit un niveau inférieur mais proche de 2% à moyen terme, justifiant le maintien d'une politique accommodante.
La BCE conserve une politique active de soutien au crédit. Lors de sa précédente réunion en septembre, l'institution de Francfort avait d'ailleurs abaissé ses prévisions d'inflation à 1,2% en 2018 et 1,5% en 2019, après 1,5% en 2017, nettement en dessous de son niveau cible. Malgré les appels à fermer le robinet de l'argent facile, comme l'avait fait plus tôt et plus nettement la Réserve fédérale américaine, la BCE conserve donc à la fois des taux bas et une politique active de soutien au crédit, donc à l'activité économique.
Les rachats de dette privée restreints de moitié. L'institution restreint certes de moitié le rythme mensuel de ses rachats de dette privée et publique à partir de 2018, mais se ménage la possibilité d'augmenter de nouveau ce programme baptisé "QE". "Si les perspectives deviennent moins favorables, (…) nous sommes prêts à accroître le volume et/ou allonger la durée de notre programme d'achats d'actifs", a réaffirmé Mario Draghi, affichant une stratégie flexible et réversible d'abandon du QE.
Par ailleurs, le banquier italien a abandonné son plaidoyer habituel pour une orientation "très accommodante" de la politique monétaire, et a insisté sur la "confiance croissante" de l'institution dans les perspectives de croissance et d'inflation. Adoptant un ton un peu plus optimiste que d'habitude, il a parié sur une "convergence graduelle des taux d'inflation" vers l'objectif de la BCE, poussés par "l'expansion économique de plus en plus solide et large" et la progression des indices de prix hors énergie et alimentation.