>> Au Royaume-Uni, l'Etat va reprendre l'exploitation de lignes ferroviaires du nord de l'Angleterre, jusqu'alors gérées par le privé, Arriva, une filiale de la Deutsche Bahn. Selon le chroniqueur d'Europe 1 Axel de Tarlé, cela doit nous interroger, en France, à l'heure où l'on s'apprête à confier des lignes SNCF au secteur privé... qui n'est pas toujours "la solution miracle".
Des trains bondés, en retard, annulés, des usagers mécontents, des syndicats toujours en grève... Bienvenue non pas en France, mais en Grande-Bretagne, dans la région de Leeds à Manchester, où l'opérateur privé - qui fait voyager 100 millions de passagers par an, est conspué. Au point que, exit le privé, Boris Johnson reprend en main la concession. C'est la deuxième fois, en deux ans, que l'Etat renationalise ainsi des concessions privées. La dernière fois, c'était sur la côte est, la ligne vers Edimbourg.
En France, des lignes SNCF bientôt privées
Voilà qui doit quand même nous interroger au moment où l'on s'apprête à faire exactement la même chose en France : confier à des opérateurs privés des lignes SNCF. L'Etat vient de lancer un appel d'offres pour privatiser la ligne Nantes-Lyon, et Nantes-Bordeaux. De même, les régions Paca, Grand-Est, Hauts-de-France, sont en quête d'opérateurs privés pour faire rouler leurs TER à la place de la SNCF.
On pourrait donc se dire : "Attention ! Ne serions-nous pas en train de faire une bêtise ?", puisque apparemment, en Grande-Bretagne, le privé ne fait pas des étincelles. Pourtant, à l'inverse, en Allemagne ou en Suède, la libéralisation s'est très bien passée. Alors, qu'est-ce qui ne roule pas avec les Anglais ?
Malheureusement, la réponse est complexe, entre un réseau ferroviaire vieillissant, un opérateur privé défaillant et un cahier des charges mal rédigé. Le privé n'est pas toujours la solution miracle et, en matière de privatisation du rail, il faut y aller doucement, de façon pragmatique.
Exactement comme l'ont fait les Allemands, où la Deutsche Bahn, la SNCF allemande, possède toujours les 2/3 du marché. C'est bien la preuve que l'opérateur historique a tous les atouts pour gagner face au privé.