La riposte syndicale semble s'organiser contre le projet de réforme du droit du travail, les principaux syndicats ayant décidé de se réunir mardi en intersyndicale pour discuter d'un texte jugé trop favorable au patronat.
Intersyndicale à 18 heures mardi. La CGT a invité la FSU, FO, Solidaires, la CFDT, la CFE-CGC, la CFTC, l'Unsa, l'Unef et l'UNL (lycéens) mardi à 18 heures dans ses locaux, à Montreuil, près de Paris, "afin d'échanger sur l'analyse de la situation sociale, économique et politique" de la France. Il s'agira "d'évaluer les champs d'éventuelles actions et initiatives communes", est-il indiqué dans l'invitation. La CGT avait annoncé dès vendredi son intention de mettre en place "une réaction forte et unitaire du monde du travail" après la divulgation du projet de loi de Myriam El Khomri.
Syndicats et politiques mobilisés. Transmis au Conseil d'État, le projet de loi prévoit notamment la primauté des accords d'entreprise en matière de temps de travail, la possibilité de référendum pour valider des accords minoritaires, une "sécurisation" juridique du licenciement économique, des indemnités prud'homales plafonnées et un recours facilité au forfait-jour dans les petites entreprises. La CFDT, qui a accompagné toutes les réformes du quinquennat, se montre très critique cette fois, en particulier concernant deux dispositifs : le barème prud'homal et le licenciement économique.
Soutien de la droite et du patronat. Le projet de loi doit être présenté le 9 mars en Conseil des ministres et discuté en avril à l'Assemblée nationale. Il a le soutien du patronat et de la droite. Myriam El Khomri, qui avait créé la polémique en laissant entrevoir la possibilité d'un recours au 49.3 (adoption d'un texte sans vote) le 17 février, a jugé lundi à Mulhouse qu'il n'était "ni souhaitable ni nécessaire" d'y recourir. Une pétition en ligne, lancée vendredi à l'appel de militants associatifs et de syndicalistes contre le projet de loi, affichait lundi plus de 200.000 signatures de soutien.
La dernière intersyndicale remonte à 2013. Vendredi soir, François Hollande avait pourtant tenté de rassurer en affirmant que "les salariés français ne verront aucun de leurs droits remis en cause" et qu'il "donn(ait) à la négociation collective la place qu'elle n'a jamais eue dans notre pays". Aucun communiqué commun ne devrait être publié mardi, mais d'autres réunions pourraient suivre. "Il ne faut pas s'attendre à une grande décision dès mardi soir", prévient-on à la CGT. Les intersyndicales se sont faites rares ces dernières années. La dernière, contre la montée du Front National, remonte à 2013.