L'annulation ce jeudi par la cour d'appel de Paris de la mise en examen du cimentier Lafarge pour "complicité de crimes contre l'humanité" est inconcevable pour les ONG à l'origine de la plainte, qui comptent se pourvoir en cassation. Sherpa et le Centre européen pour les droits de l'homme accusent le groupe français d'avoir financé des groupes terroristes en Syrie, pour maintenir l'activité d'une de ses usines sur place, et estiment avoir apportés suffisamment de preuves, notamment via des témoignages d'anciens employés syriens sur place, pour que les faits soient avérés.
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"Pour nous, la chambre d'instruction manque un pas décisif dans la lutte contre l'impunité des multinationales qui opèrent dans des zones de conflits armés, et pour l'accès à la justice des victimes de ces conflits", affirme au micro d'Europe 1 Marie-Laure Guislain, membre de l'association Sherpa. "Les juges d'instruction avaient estimé qu'ils avaient des indices graves justifiant la mise en examen de Lafarge pour complicité de crimes contre l'humanité, notamment et principalement en montrant que le groupe avait financé à hauteur de 13 millions d'euros des groupes armés et l'État islamique."
"Sans compter que nos associations avaient fourni des éléments solides tout au long de la procédure pour soutenir cette mise en examen", rappelle-t-elle. "Nous allons donc nous pourvoir en cassation, et nous espérons que la Cour [de cassation] saisira cette opportunité pour l'accès à la justice des victimes de conflits armés."
L'usine de Lafarge en Syrie, fonctionnelle jusqu'en 2014, était située au Nord de la Syrie. Crédit : Capture Google Maps
Si la charge de "complicité de crimes contre l'humanité" n'est donc, pour l'heure, plus à l'ordre du jour pour le groupe, ce denier reste mis en examen pour "financement du terrorisme, mise en danger de la vie d'autrui, et violation d'un embargo", tout comme huit de ses dirigeants.