Après trois mois de concertation, le gouvernement présente vendredi matin sa copie pour réformer l'apprentissage. Le but est de faire décoller cette filière d'accès à l'emploi qui végète depuis des années en France (430.000 apprentis aujourd'hui), alors qu'elle fonctionne à plein chez plusieurs de nos voisins, notamment en Allemagne. Edouard Philippe en personne va dévoiler le contenu de la réforme, il s'exprimera en présence des trois ministres qui ont travaillé sur le sujet : Muriel Pénicaud, Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal.
Renforcer l'information aux jeunes. Sur l'apprentissage, attendez-vous à une révolution copernicienne, avait annoncé la ministre du Travail. Avec d'abord une réforme de l'orientation et le choix de porter les efforts sur l'information au collège pour faire comprendre aux jeunes et à leurs parents que l'apprentissage est une voie d'excellence, qui offre un taux d'insertion élevé et des niveaux de rémunération attractifs. "On estime que des jeunes bien orientés et bien informés pourront choisir l'apprentissage de manière claire, n'auront pas peur de s'engager dans des voix de formations professionnalisantes et cela pourra permettre d'éviter des ruptures de contrats à cause de jeunes qui vont dans l'apprentissage, se sont trompé de métier parce qu'ils n'ont pas été suffisamment informés quand ils ont du faire leur choix, et se retrouvent à rompre leur contrat"; explique auprès d'Europe 1 Aurélien Cadiou, président de l'association nationale des apprentis de France.
Autre grande innovation : les jeunes qui s'engagent dans l'apprentissage ne seront plus prisonniers du calendrier scolaire. S'ils veulent changer d'apprentissage en cours de route, ils pourront le faire. Ils ne seront plus obligés d'attendre, comme aujourd'hui, la rentrée de l'année suivante.
Un pilotage partagé. Reste la question la plus sensible politiquement : qui aura la main sur l'ouverture et la fermeture des centres de formation d'apprentis sur le territoire ? Aujourd'hui, ce sont les régions. Le patronat veut que dorénavant ce soit lui pour que les centres de formation soient créés là où se situent les besoins des entreprises, quitte à bousculer la carte des lycées professionnels que financent parallèlement les régions. Le gouvernement devrait finalement trancher pour un pilotage partagé : les régions et les branches professionnelles s'entendront sur les objectifs, mais le financement se fera au nombre de contrats d'apprentissage réalisés. Les patrons y tiennent beaucoup, car c'est une façon de flécher l'argent là où sont les besoins.