Le quoi qu’il en coûte est terminé, place à une gestion rigoureuse des dépenses publiques. Contraint par des prévisions de déficit pour 2023 - l’INSEE doit communiquer le chiffre officiel mardi - bien plus alarmantes que ce qu’il avait anticipé, le gouvernement doit faire des économies. Nouvelle réforme de l’Assurance-chômage, coup de rabot sur les dépenses de santé ou l’apprentissage… toutes les pistes sont sur la table à l’exception d’une seule : hors de question d’augmenter les impôts, a répété Bruno Le Maire vendredi dernier.
Le problème, c’est que la recherche effrénée d’économies du gouvernement est sans cesse contredite par de nouvelles dépenses. Presque malgré lui, l’exécutif continue à sortir le chéquier à la moindre étincelle. Avec les agriculteurs : une partie des 450 millions d’euros d’aides a été débloquée après les coupes budgétaires. Mais aussi pour les hôpitaux en difficulté, dotés de 500 millions d’euros supplémentaires. Les primes Jeux olympiques des fonctionnaires, qui s’élèveront jusqu’à 1.900 euros, vont aussi coûter plusieurs centaines de millions d’euros. Dans un registre différent, Emmanuel Macron a aussi annoncé 3 milliards d’euros d’aide à l’Ukraine.
"Chaque nouvelle dépense est considérée comme due"
La France est addicte à la dépense conclut Lisa Thomas-Darbois, directrice adjointe des études France à l’institut Montaigne. "On a le sentiment que dès qu'on crée une dépense, elle devient immédiatement due. Pour les citoyens, pour les entreprises. Emmanuel Macron a fait une promesse de ne pas augmenter les impôts et donc vous avez ancré une croyance selon laquelle vous pouvez continuer à dépenser contre la crise énergétique, en soutien à l’Ukraine, contre l’inflation… Tout cela à mesure fiscale inchangée et avec une incapacité à pouvoir remettre en cause ces dépenses puisqu'elles basculent dans l'ordre de ce qui est dû", explique-t-elle.
Et pourtant, il faut changer de cap. Le gouvernement pourrait passer par un projet de loi de finances rectificative pour 2024. Et pour l’année prochaine, il a fixé l’objectif d’au moins 20 milliards d'euros d’économies.