Les 863 salariés de l’usine de pneus Bridgestone, à Béthune, s’attendaient à tout sauf à cela. Le manufacturier japonais vient d’annoncer qu’il fermait définitivement le site. Surcapacité de production en Europe et concurrence asiatique qui casse les prix sont les principales raisons avancées.
Sur place, c’est un véritable choc pour les ouvriers, scandalisés par l’annonce faite par un simple message vidéo du directeur du site mercredi matin. Le site de Béthune était implanté depuis près de 60 ans. Pour Denis Drouet, responsable CGT, c’est une véritable catastrophe sociale. "On n’est pas bien, c’est notre job, notre usine. Ça nous a fait vivre pendant des années. On est choqué par cette annonce de fermeture. Maintenant il va falloir gérer les 900 hommes qu’il y a ici et toutes leurs familles. En sachant qu’avec le Covid, les entreprises sont en train de mourir à petit feu en France. Donc pour retrouver un travail, ça va être très difficile", alerte-t-il.
En deux ans, la production avait été divisée par deux
Depuis plusieurs mois, les syndicats alertaient sur l’inadaptation de leurs pneumatiques sur le marché, tout comme le manque d’investissements. La production avait été divisée par deux en deux ans. "Niveau qualité et production, c’était devenu une catastrophe et on ne voyait plus le directeur de production. On était livré à nous-même. On s’en doutait un petit peu, pour nous c’était fait d’avance", explique un ouvrier avec le sentiment que le site a purement été sacrifié.
La direction de Bridgestone promet des mesures d’accompagnement ou de reclassement mais les premières lettres de licenciement seront envoyés à partir du 1er avril de l’année prochaine.
"Une trahison de la confiance" pour Gabriel Attal
Dans un communiqué commun mercredi matin, le gouvernement et le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand avaient déjà dénoncé "la brutalité" de l'annonce et demandé l'étude de "scénarios alternatifs". "Une trahison de la confiance que l'Etat et la région Hauts-de-France ont placée" dans le groupe japonais, a pour sa part estimé mercredi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.