Un bras de fer d'une rare violence. En lançant une OPA sur Suez dimanche, Veolia a fait monter la tension entre les deux géants à un niveau rarement atteint dans la finance. Si la Bourse a déjà connu des batailles oniriques, comme Total-Elf en 2000 ou encore le duel entre l'ex-groupe Pinault-Printemps-Redoute (PPR) et LVMH pour le contrôle de Gucci l'année suivante, rarement de grandes entreprises sont allées si loin dans le principe d'œil pour œil et dent pour dent. Mais il faut dire que tous les ingrédients sont réunis pour que l'affrontement soit sans merci.
Une concurrence historique
"Ce sont deux groupes qui cristallisent des décennies de concurrence sur le marché français", rappelle au micro d'Europe 1 François Chaulet, directeur général de Montségur Finances. Toutes deux ont "une culture d'entreprise très forte qui donne deux mangement relativement opposés. Ce sont les prémices d'une bataille qui ne fait que commencer", ajoute cet observateur averti de la Bourse. Il semble en effet que la conclusion de cette guerre soit encore loin devant nous : Suez a saisi en urgence le tribunal de commerce de Nanterre pour mettre fin à l'OPA de son concurrent. Une opération qui vise à obtenir 70,1% de Suez.
Une bataille loin d'être terminée
Cette passe d'armes initiée par Veolia a agacé le ministre des Finances, Bruno le Maire, qui a rappelé sur Europe 1 lundi matin qu'"on ne peut pas réussir une opération de cette importance contre les salariés, qui se sont exprimés, contre le Conseil d'administration, contre les clients et contre les usagers. Cette offre n'est pas amicale, et cela contrevient aux engagements qui ont été pris à plusieurs reprises par Veolia." Une tentative de sonner la fin de la bataille qui n'a pas eu d'effet pour l'instant.
Vers un "super champion français" ?
Dans un marché de plus en plus concurrentiel, Veolia veut créer un "super champion français" du secteur, et a lancé son offensive fin août. Le groupe a déjà acheté en octobre 29,9% du capital de son concurrent auprès de l'énergéticien Engie. Et il a justifié dimanche sa décision de lancer une OPA sur le reste des actions par le fait que "ses tentatives répétées d'amicalité se sont toutes heurtées à l'opposition" de Suez.