Se débarrasser des frais bancaires excessifs. C’est le message des associations de consommateurs au lendemain de l'annonce de Bruno Le Maire d’un volet de plafonnement des frais bancaires pour les plus modestes dans le cadre du plan pauvreté. Pour les associations et le magazine 60 millions de consommateurs, il faut aller plus loin et généraliser la mesure à tous les Français.
"Les gens sont noyés sous les frais bancaires". "Il est évident que s’il y a plafonnement de frais bancaires liés aux incidents de compte, il faut qu’il soit pour tout le monde", martèle Lionel Maugain, chef de rubrique banques au magazine 60 millions de consommateurs, au micro d'Europe 1. "La difficulté financière peut être ponctuelle ou dans la durée, mais les gens sont noyés sous les frais bancaires : 12 euros pour simplement faire une lettre d’informations, c’est excessif. 8 euros de commission d’intervention juste quand vous dépassez votre découvert en plus des agios et des forfaits déjà prélevés, les gens ne s’en sortent pas", détaille-t-il. "Le plus clair serait de plafonner les frais bancaires pour tout le monde quand ils sont dans le rouge vif !".
Une précédente mesure inefficace. Actuellement, un ménage en difficultés financières débourse en moyenne 380 euros par an, au titre des frais pour incident de paiement, chèque sans provision ou encore dépassement d’un découvert autorisé. Une somme difficilement supportable pour un foyer qui peine à boucler ses fins de mois. Pourtant, il existe depuis quatre ans une offre bancaire spécifique pour ces personnes, avec un plafonnement de ces frais à 20 euros par mois. Mais cette mesure est inefficace et n'a pas rencontré son public : seulement 10% des personnes concernées y ont souscrit. De plus, la Banque de France estime que 3,5 millions de personnes sont en "fragilité financière", un chiffre inquiétant qui a bondi de 50% en seulement un an.
Le dispositif doit être en place avant le 1er janvier 2019. Bruno Le Maire appelle donc les banques à revoir le dispositif, pour aboutir à un "vrai plafonnement efficace des frais bancaires pour les foyers modestes". Tous les acteurs, banques, secteur financier et associations vont être prochainement réunis à Bercy pour trouver la bonne formule. Ils planchent déjà depuis plusieurs semaines sur le sujet mais leurs propositions sont jugées à ce stade insuffisantes par le ministre de l'Economie. Pour faire pression, le gouvernement entend brandir la menace législative. Concrètement, si les engagements des banques ne sont pas satisfaisants, c'est la loi qui fixera les règles. Et le temps presse : malgré la polémique sur le report du plan pauvreté, Benjamin Griveaux a indiqué que son entrée en vigueur restait prévue pour le 1er janvier 2019.