Si la reprise en Europe offre la possibilité à la France de se réformer en profondeur, elle "n'est pas encore sortie d'affaire", estime Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), dans une interview au Journal du Dimanche (JDD). "Le retour de la croissance européenne offre à la France une occasion unique de déployer un ensemble cohérent de réformes pour corriger ses faiblesses : chômage persistant, formation insuffisante, déficit des finances publiques et du commerce extérieur", détaille Benoît Coeuré.
"Mondialisation et mutations technologiques". Si la France doit poursuivre ses réformes, Benoît Coeuré estime qu'elle n'est cependant pas le seul pays européen à devoir le faire, citant aussi l'Allemagne. Le bras droit du président de la BCE, Mario Draghi, reconnaît la difficulté dans un contexte où "la mondialisation et les mutations technologiques créent des inquiétudes. Il faut plus de flexibilité, c'est vrai, sans oublier ceux que ce modèle laisse sur le bord de la route". Interrogé sur la création d'un ministère des Finances de la zone euro, le membre du directoire s'y montre favorable, jugeant que "cela permettrait de faire face à la prochaine crise sans se reposer excessivement sur la BCE". "Pour qu'un tel ministère ait une chance de voir le jour, il faut recréer la confiance entre pays. Et dans cette discussion, les réformes et le sérieux budgétaire de la France ont valeur de test", ajoute-t-il.
Attirance pour les mouvements populistes. Si Benoît Coeuré défend également le "magnifique succès" de la construction européenne, il reconnaît que cette dernière n'a pas "su accompagner les travailleurs face à la mondialisation et aux révolutions technologiques", ce qui a pu provoquer une attirance pour les mouvements populistes partout sur le continent. "Il faut profiter du retour de la croissance pour construire un espace de règles européennes qui favorise la mobilité des salariés, défende leurs droits et leur permette d'être éduqués et formés partout dans l'UE", poursuit Benoît Coeuré.
Selon le membre du directoire de la BCE, les banques centrales "n'ignorent pas" les cryptomonnaies comme le bitcoin ou l'ethereum, et les suivent même "de très près car leur circulation peut se propager très vite, notamment dans des Etats qui se détournent des pièces et des billets". Pour lui, il s'agit "d'instruments financiers spéculatifs qui créent des risques de nature financière, voire criminelle". Mais pour le moment, ils ne représentent pas une inquiétude car "les montants en jeu sont marginaux", souligne-t-il.