La "bataille de la Silicon Valley"… Ce n’est pas le titre d'un prochain blockbuster hollywoodien mais la partie de poker menteur qui se joue en ce moment aux États-Unis. Depuis quelques jours, Apple voit se liguer contre lui plusieurs acteurs majeurs du numérique. Facebook, Spotify et Tinder, entre autres, accusent le géant américain d’abuser de sa position dominante. C’est le fonctionnement de l’App Store, la boutique d’applications pour smartphones et tablettes d'Apple, qui est dans leur viseur. La raison : sur chaque paiement réalisé au sein d’une application téléchargée sur l’App Store, Apple prélève une commission de 30%. Et ce système agace…
Epic Games part en croisade contre Apple
Le premier à être monté au front, c’est Epic Games. L’éditeur du jeu vidéo Fortnite a voulu contourner le système d'Apple en proposant aux joueurs des transactions sans commission pour acquérir des bonus. Résultat : Apple a banni l’application du Store, pour violation des règles, Epic Games a porté plainte et la suite se jouera devant les tribunaux. Mais l’éditeur de Fortnite, fort de ses 250 millions de joueurs, a mis un pied dans la porte. Et à sa suite, d’autres gros noms du monde de la tech se sont engouffrés dans la brèche pour dénoncer des pratiques d'Apple qu’ils qualifient "d’abus de position dominante".
"Nous applaudissons la décision d’Epic Games de tenir tête à Apple et de mettre en lumière ses abus de position dominante. Les pratiques déloyales d’Apple ont désavantagé la concurrence et privé les consommateurs depuis trop longtemps", a ainsi dénoncé Spotify, l’un des leaders de la musique en streaming. "Apple use de sa position dominante et de politiques injustes pour blesser les consommateurs, les développeurs et les entrepreneurs", a commenté, en écho, l’application de rencontres Tinder. Les deux entreprises sont concernées : les abonnements souscrits à Spotify et à Tinder via l'application pour iPhone sont prélevés à hauteur de 30%.
Facebook prend parti contre Apple
Même Facebook profite de cette séquence inédite pour dénoncer le système de commission, accusant Apple de la prélever jusque sur les versements réalisés pour aider les PME, une option récemment mise en place par le réseau social en réaction à la crise sanitaire. Des entrepreneurs peuvent proposer des services payants sur Facebook pour faire face à la crise, et l'entreprise de Mark Zuckerberg s'est engagé à n'en tirer aucun profit pendant un an. Mais Apple a maintenu sa commission.
Facebook souhaiterait ajouter une mention de cette commission pour prévenir les utilisateurs. "Lorsque les gens paient 20 dollars pour un événement en ligne, ils pensent que tout est reversé à une entreprise locale alors que 30% va à une entreprise qui pèse 2.000 milliards de dollars, c'est une information pertinente que les gens doivent avoir", a souligné Fidji Simo, la responsable de l'application Facebook, interrogée par The Verge.
Apple ne fera "pas d'exception"
Cette multiplication des soutiens de poids à Epic Games ne fait pas ciller Apple. Droite dans ses bottes, la marque à la pomme martèle qu'elle est dans son bon droit. "L'App Store a été conçu pour être un endroit sûr et fiable pour les utilisateurs ainsi qu'une excellente opportunité commerciale pour tous les développeurs. Epic a été l'un des développeurs les plus populaires sur l'App Store, en bâtissant un business de plusieurs milliards de dollars touchant des millions de clients iOS à travers le monde", pique Apple dans un communiqué. "Nous ne ferons pas d'exception pour Epic parce que nous ne pensons pas qu'il est juste de faire passer leurs intérêts commerciaux avant nos règles qui protègent nos clients."