Renault a réuni lundi un conseil d’administration très important. Au menu : un projet visant à créer le premier groupe automobile mondial. Ce projet audacieux consiste à marier Renault et Fiat-Chrysler pour créer un groupe disposant de positions fortes sur les grands marchés : aux États-Unis avec Chrysler et en Asie avec Nissan et Mitsubishi, les partenaires japonais de Renault.
A la suite du conseil d'administration du groupe, Renault a exprimé lundi son "intérêt" pour le projet de fusion entre égaux proposé par l'italo-américain Fiat Chrysler. "Après avoir revu attentivement les termes de cette proposition amicale, le conseil d'administration de Renault a décidé d'étudier avec intérêt l'opportunité d'un tel rapprochement, confortant l'empreinte industrielle du Groupe Renault et générateur de valeur additionnelle pour l'Alliance" avec Nissan et Mitsubishi, a déclaré le groupe au losange.
Limiter le poids de la famille Agnelli
Ces constructeurs, ensemble, produiraient une quinzaine de millions de voitures par an, contre 10 millions environ pour des groupes comme Volkswagen ou Toyota. Un tel projet peut encore toutefois buter sur de nombreux obstacles, car le point clé dans ce genre d’affaires reste les modalités de la fusion. C’est-à-dire qui dirige et qui contrôle le capital.
Jean-Dominique Senard, le président de Renault, pourrait être aux manettes de ce super groupe avec un représentant de la famille Agnelli, qui possède 29% de Fiat-Chrysler. La famille Agnelli pourrait devenir le premier actionnaire du nouveau groupe devant l’État français qui possède actuellement 15% de Renault. Il y aura donc des équilibres subtils à trouver pour apaiser la crainte, qui va immédiatement surgir côté français, d’une prise de contrôle rampante de Renault par Fiat.
D'ailleurs, la CGT, deuxième syndicat du groupe Renault, a exigé lundi que l'État conserve "une minorité de blocage permettant de faire prévaloir les intérêts français" en cas de fusion entre Renault et Fiat Chrysler, faisant ainsi part de ses craintes quant à de futures éventuelles suppressions d'emploi.
L’Alliance entre Renault et Nissan gravement détériorée
Jean-Dominique Senard doit également se rendre à Tokyo en début de semaine pour expliquer ce projet de fusion Renault-Fiat-Chrysler à des dirigeants de Nissan qui n’étaient pas dans la boucle jusqu'à présent. Il faut dire que l’alliance Renault-Nissan a du plomb dans l’aile depuis l’arrestation de son ancien président Carlos Ghosn. Et elle doit être refondée sur de nouvelles bases.
Évidemment, si, entre temps, Renault fusionne avec Fiat-Chrysler, le rapport de force avec les Japonais changerait. Reste que, de chaque côté, on peut trouver beaucoup d’avantages à cette alliance élargie : accès à plus de marchés, accélération dans l’électrique, investissements en commun. Sur le papier, le projet offre de grands bénéfices. Ensuite, tout est question d’exécution.