Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a confirmé vendredi qu'aucune privatisation ne serait engagée pour Aéroports de Paris (ADP) durant la procédure de référendum d'initiative partagée (RIP), estimant qu'il faudrait "un peu de patience" pour voir le projet aboutir.
"Pendant que la procédure va courir, il est évident que nous n'allons engager aucune opération de privatisation", a assuré Bruno Le Maire sur Cnews, disant "respecter" la décision du Conseil constitutionnel, qui a donné son feu vert jeudi à ce processus inédit.
"Ce n'est jamais mauvais sur une opération économique de cette importance-là de prendre son temps"
Dans ces conditions, "il va falloir un peu de patience". Mais "ce n'est jamais mauvais sur une opération économique de cette importance-là de prendre son temps", a poursuivi le ministre, se disant convaincu de la pertinence de cette privatisation. A la Bourse de Paris, le titre ADP accusait le coup, dévissant de près de 9% peu avant 10h, dans un marché en hausse de 0,89%.
"Moi, je souhaite que nous mettions le temps de la procédure à profit pour mieux expliquer notre projet à tous les Français", a poursuivi Bruno Le Maire. "Ce projet est bon économiquement pour notre pays" : c'est ce "que nous allons pouvoir expliquer dans les neuf mois de la procédure", a-t-il insisté.
"Il n'y a aucun risque que les tarifs explosent"
Selon le ministre, le projet de privatisation d'ADP, destiné à financer un fonds de 10 milliards d'euros pour l'innovation de rupture, a ainsi "tiré les leçons des privatisations passées", et notamment celle des autoroutes en 2006. "Dans la privatisation d'ADP, il est prévu que ce soit l'Etat qui négocie les tarifs aéroportuaires. Il n'y a aucun risque que les tarifs explosent", a notamment défendu le ministre, selon qui "tout ce qui est du domaine du contrôle des frontières restera dans les mains de l'Etat".
Le projet de privatisation d'ADP, au cœur d'un bras de fer politique depuis plusieurs mois, a connu un nouveau rebondissement jeudi avec le feu vert donné par le Conseil constitutionnel à la proposition de "RIP" portée par 250 parlementaires de droite et de gauche opposés au projet. Ce feu vert des "Sages" est cependant loin d'être suffisant pour autoriser la consultation des Français. La prochaine étape sera pour ses initiateurs de recueillir en neuf mois, par voie électronique, l'approbation qu'au moins 10% du corps électoral, soit plus de 4,7 millions de personnes. Le référendum d'initiative partagé, introduit dans la Constitution en 2008, n'a jusqu'à présent jamais utilisée.