Les révélations avaient fait scandale dans toute l'Europe en 2013 : de la viande de cheval avait été retrouvée dans des plats préparés censés être au boeuf. La viande chevaline, bon marché, avait été achetée en Roumanie. Six ans plus tard, c'est donc l'heure du procès, avec quatre personnes jugées au tribunal de grande instance de Paris. Pour les invités du Tour de la question avec Wendy Bouchard, mardi, c'est aussi le temps de faire un point sur les évolutions de la sécurité et la traçabilité alimentaire en Europe depuis cette affaire.
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"Même si les mis en accusation écopent des peines les plus lourdes, heureusement renforcées avec la loi Hamon en 2014, ça ne protégera pas du tout le consommateur de nouveaux scandales alimentaires", juge Ingrid Kragl, directrice de l’information de foodwatch, ONG de défense des consommateurs.
"Souci de mise en oeuvre de la réglementation". Et la dirigeante de dresser une liste non-exhaustive de scandales alimentaires qui ont éclaté en Europe depuis 2013 : les œufs contaminés au fipronil, le scandale Lactalis, le scandale de la listeria dans les légumes surgelés ou encore les milliers de tonnes d'OGM détectées dans des aliments pour animaux. "Si on est dans une situation comme ça, où les scandales alimentaires s'enchaînent, malgré des améliorations dans la réglementation européenne, c'est parce qu'on a un vrai souci de mise en oeuvre et d'application de la réglementation au niveau national", estime Ingrid Kragl.
" Comment peut-on être sûrs qu'on est protégés, quand on voit qu'entre 2012 et 2015 il y a eu moins une baisse de 37% des contrôles ? "
"On pousse pour que ce procès mette en lumière les faiblesses du système", plaide-t-elle, avant de déceler trois "gros problèmes" actuels dans la sécurité alimentaire : "La traçabilité, l'opacité et les manques criants de contrôles : comment peut-on être sûrs qu'on est protégés, quand on voit qu'entre 2012 et 2015 il y a eu une baisse de 37% des contrôles faits au niveau de l'Inspection sur la sécurité alimentaire en France ?", s'interroge Ingrid Kragl.
Contrôles "démantelés". Pour Périco Légasse, autre invité, le fait que des scandales soient encore possibles aujourd'hui révèle "un manque de courage politique" face au "poids des lobbies qui remettent des textes de lois tout prêts" pour "protéger le système économique" et "demander le contrôle des pouvoirs publics". Il rappelle par ailleurs que les contrôles alimentaires ont été "démantelés" et "mis au niveau départemental", avec des effectifs rattachés à la préfecture. "Ces fonctionnaires vous disent : 'Nous n'avons plus les moyens politiques et matériels de contrôler'. Quand le tricheur potentiel sait qu'il n'y aura pas de gendarmes, pas de radars et pas de contrôles, il est tenté de frauder et il ne s'en prive pas", conclut le journaliste.