"Cityscoot", le service de scooters en libre usage, est mis en place à Paris depuis mardi. Pour pouvoir louer (28 centimes la minute) l'un des 150 deux-roues électriques déployés par la start-up parisienne (la flotte devrait grimper à 450 scooters en septembre, puis un millier début 2017), quelques étapes suffisent : une pré-inscription sur internet, suivie d'une inscription après réception d'un mail, le téléchargement de l'application "Cityscoot", la géolocalisation d'un scooter via la carte de l'appli, le choix du scooter et, enfin, la validation de la réservation, le tout via son smartphone. Pour l'heure, les inscrptions sont faites au compte-gouttes : victime de son succès, l'entreprise est contrainte de placer de nombreux demandeurs sur liste d'attente. Europe 1 a tout de même pu tester l'un des scooters déjà déployés. Voici notre verdict, ainsi que celui de Maxime Pontreau, journaliste spécialisé et coutumier des essais de deux-roues motorisés.
L'avis de Gaétan Supertino, journaliste à Europe 1, "utilisateur lambda"
Un clavier qui fait peur, un mode d'emploi et des charlottes. "Au premier abord, la vue du scooter peut laisser perplexe : plutôt long, large, il a l'air lourd, et il y a plein de boutons sur le tableau de bord. Heureusement, le mode d'emploi est inscrit sur le plancher de la bécane. Le clavier situé sur la gauche du guidon permet de taper le code de la réservation. Un autre bouton avec un casque dessiné dessus indique que, si l'on appuie, le coffre s'ouvre. Jusque-là, c'est facile. Le casque est effectivement dans le coffre, rangé à côté d'un constat en cas d'accident et d'un sac de… charlottes, pour protéger vos cheveux. Et c'est plutôt malin : on n'y pense pas forcément, mais tout le monde n'a pas spécialement envie d'entrer en contact avec les éventuels résidus capillaires des autres utilisateurs ! Une fois la charlotte enfilée, le sac à dos rangé dans le coffre (il n'y a pas beaucoup de place mais en poussant un peu, ça rentre !), il suffit de mettre le bouton rouge sur 'on', d'enlever la béquille, et de tourner la poignée droite. Enfantin.
Un véhicule maniable, rassurant, un peu lourd. Au démarrage, le scooter est parfait pour un non habitué des deux-roues. Même en démarrage en côte et sur des pavés, il tient parfaitement la route. Ses 115 kilos (ce qui est plutôt lourd, pour un 50 CC) et son accélération (très) progressive vous stabilisent en douceur. La (relative) lourdeur et le manque d'accélération franche du scooter peuvent, en revanche, devenir des inconvénients : le premier virage n'est pas toujours facile ! Au bout d'un ou deux petits tours de pâté de maison, toutefois, l'engin peut être parfaitement maîtrisé, même pour un novice. Il est maniable et les réflexes viennent vite, même si vous êtes plus vélo que moto ! Les freins réagissent comme il faut. Malgré l'accélération poussive, on peut tout de même assez rapidement grimper à 45 km/h, et ne pas se retrouver à bloquer toute une file de voitures derrière. Le scooter ne fait pas de bruit et au bout de cinq minutes, même après cinq ans sans avoir conduit un deux-roues, on peut prendre son pied !
Un décompte et un mode "blocage". Pour terminer la réservation du scooter, il suffit de se garer sur n'importe quelle place "deux-roues" au sein de la "Zone Cityscoot", délimitée par la start-up, et qui reste, pour l'heure, plutôt limitée (pour la voir, cliquez ici). Là, ça se complique un peu. Après avoir mis le bouton rouge sur "off", un décompte de dix secondes apparaît sur un petit écran, sur la gauche du guidon. Si vous appuyez sur "Fin" pendant ce décompte, la réservation est close, le scooter est rendu. Si vous laissez passer le décompte, le scooter se bloque mais votre réservation ne s'arrête pas : vous pouvez le laisser garé, le temps d'aller faire une course. Pour reprendre le scooter ensuite (ou si vous avez zappé d'appuyer sur Fin" au moment du décompte), il suffit de retaper le code. Pas sûr que tout le monde comprenne dès le premier coup la marche à suivre, même si le mode d'emploi sur le plancher du scooter est plutôt bien fait".
L'avis de Maxime Pontreau, journaliste motos, utilisateur expert
Accessible à tout le monde, pas besoin d'avoir bac + 8. "De manière générale, c'est un concept extrêmement intéressant, cela manquait à Paris et le prix est raisonnable. Je pense que cela peut permettre de gagner du temps de transport : même sur des trajets courts, au lieu de faire un changement de métro, c'est parfois bien plus rapide avec un scooter. D'autant que la mise en fonctionnement est très simple, il n'y a pas besoin d'avoir bac +8. Pour la conduite j'ai un avis plutôt subjectif, celui d'un utilisateur régulier de deux-roues. Mais de manière générale, j'ai trouvé la prise en mains très simple. Le scooter est maniable et suffisamment léger pour être accessible à tous. Il n'y a aucun risque de déraper : j'ai roulé sur des pavés mouillés, et il a très bien tenu la route.
Accélération trop poussive, freins pas terribles. En revanche, pour moi, cela n'accélère pas suffisamment fort. En tant que conducteur de deux-roues j'aime bien, lorsque je suis à un feu rouge, pouvoir m'extirper rapidement du trafic, le devancer, avoir un coup d'avance sur les voitures. Là, l'accélération est trop faible et je me suis senti vulnérable au trafic. Au démarrage, les voitures peuvent vous doubler, comme avec un vélo, et je n'ai pas l'habitude ! En outre, comme il n'accélère pas assez fort, si tu enlèves ton pied du sol un peu tôt, il y a un risque de perte d'équilibre au démarrage. Après, je comprends la logique : pour un non utilisateur de deux-roues, c'est mieux d'avoir une accélération progressive. Autre point négatif toutefois : les freins. Je trouve qu'ils ne sont pas terribles. Le frein avant (poignée droite) ne réagit quasiment pas, il faut bien freiner avec les deux. Mais cela s'explique en partie car les scooters viennent d'être mis en circulation. Il faut le temps que les plaquettes se fassent. Enfin, dernière chose à laquelle il faut faire attention : le bruit. C'est un scooter électrique, on ne vous entend pas arriver.
Une formation limitée. Je conseille de faire la formation proposée par "Cityscoot". Il faut que les utilisateurs se rendent compte que la conduite d'un scooter n'a rien avoir avec celle d'un vélo. C'est d'autant plus important de le savoir dans une ville comme Paris, où la circulation est importante. C'est ce qui me fait un peu peur avec ce service : les conducteurs de scooters font déjà, pour certains, n'importe quoi dans Paris ! D'autant que la formation a ses limites : elle ne met pas en condition réelle (Cityscoot propose de prendre en main le scooter sur la place Saint-Gervais, à Paris, au moyen d'un parcours de plots). Or, ce qu'il y a de dangereux en pleine ville, c'est le trafic !"
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Les +. Le scooter est maniable, facile à utiliser, accessible à tout le monde. La vitesse et l'accélération sont limitées pour ne pas vous mettre en danger. L'absence de bruit rend la conduite très agréable. Il va suffisamment vite pour ne pas créer de file d'attente... et prendre du plaisir dans les ruelles !
Les -. Le véhicule est un peu lourd et l'accélération est poussive. Difficile de s'extirper du trafic après un feu rouge, et de tourner tout de suite après un démarrage. Le frein, surtout le frein avant, n'est pas (encore) des plus efficaces. La zone d'utilisation du scooter est (pour l'instant) très limitée et l'attente avant d'être inscrit peut être très longue.