Ne pas oser postuler à un emploi alors qu'on a bien les compétences requises est une réalité pour un salarié sur quatre en France. C'est le résultat surprenant d'une enquête menée par l'École de management EM Normandie, qui s'intéresse au phénomène d'auto-élimination. Certains candidats, hantés par le syndrome de l'imposteur, refusent de postuler. Les Français au parcours haché sont les plus touchés. C'est notamment le cas de Marie, à la recherche d'un poste commercial depuis janvier.
Une peur d'échouer dans le processus de recrutement
Si elle voit passer des offres tous les jours, elle n'ose pas postuler malgré ses quinze ans de métier. "Après une mauvaise expérience avec mon employeur, j'ai peur de me retrouver face à un recruteur. C'est comme s'il y avait un mur en face de moi", explique-t-elle. Comme elle, beaucoup de Français ne candidatent même pas à une annonce, en particulier ceux qui ont eu des parcours hachés. "Il y a un stéréotype : celui qui a fait de belles études, c'est le parcours idéal. Il y a des gens qui ont des parcours un peu moins évident", détaille Jean Pralong, professeur de gestion des ressources humaines à l'école l'EM Normandie au micro d'Europe 1. "Ceux qui s'auto-éliminent se disent qu'ils n'ont pas de chance d'être pris car ils ont arrêté de travailler, ils ont déménagé..."
Et très souvent, c'est par peur d'échouer dans le processus de recrutement qu'ils s'autocensurent. "Un candidat qui a été un peu habitué à avoir des réponses négatives, n'a pas envie de s'y replonger. C'est ça qui explique cet évitement", reprend le professeur de gestion en ressources humaines. Être assis à un bureau face au responsable RH, rencontrer son futur manager ou même passer des tests techniques... Pour certains candidats, le processus de recrutement est une vraie source d'angoisse.