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Margaux Fodéré , modifié à
Dans la filière métallurgique d’Ile-de-France, filière industrielle pourtant dynamique, 7.500 offres sont disponibles et n’ont pas encore trouvé preneur. Et ce, notamment à cause du manque de formation des candidats.

La crise économique semble de plus en plus inévitable : les défaillances d’entreprises explosent, les plans sociaux se multiplient. Mais quelles seront les conséquences sur l’emploi ? L’INSEE a publié ce mercredi à 7h30 les chiffres de chômage pour le troisième trimestre. Sans grande surprise, le chômage augmente légèrement pour atteindre 7,4%.

Mais il y a un paradoxe français : alors que le pays compte plus de deux millions de chômeurs, plus de 500.000 emplois ne trouvent pas preneurs. Un paradoxe qui existe aussi chez certains de nos voisins européens, mais pour d’autres raisons. En France, comment l’explique-t-on ?

Inadéquation entre formation et besoins des entreprises

Première raison : l’éternel problème de la formation. Les compétences des candidats ne correspondent pas aux besoins des entreprises, notamment dans les filières techniques ! Pendant des années, les carrières dans l’industrie ont été boudées. L’industrie a été "le parent pauvre des actions de promotion" regrette Bruno Berthet, le président du GIM, la filière métallurgique d’Ile-de-France. Et même si les centres de formation tentent de rattraper le retard, 7.500 offres pour ces métiers n’ont pas encore trouvé preneur en région parisienne.

Deuxième raison : la tentation pour certains Français, en particulier les moins bien rémunérés, de rester au chômage. C’est ce qu’explique Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du Travail : "Évidemment se place aussi la question d’une assurance-chômage qui indemnise bien les chômeurs, et nous en sommes ravis, mais qui parfois aussi décourage certaines personnes à sauter le pas et à quitter le statut d’assisté au chômage pour aller dans un travail".

Pour l’économiste Bruno Coquet, ce n’est pas la générosité de l’Assurance chômage qu’il faut remettre en cause, en revanche l’attractivité du travail peut être interrogée : "À la question 'Est-ce qu’on peut vire bien de son travail ? La réponse est non'".

Moins de souplesse sur les horaires de travail

Troisième et dernière raison : le rapport au travail a changé, en particulier ces dernières années. Certains Français veulent avant tout préserver leur temps libre, quitte à refuser certains postes, souligne Bernard Vivier : "Il est des métiers comme la restauration où les horaires tout particulièrement, les conditions de travail, nécessitent un investissement. Et nombre de restaurateurs regrettent de ne pas avoir, malgré des rémunérations correctes, les compétences qu’il leur faut".

Selon la plateforme de recherche Indeed, un chercheur d’emploi sur cinq décline effectivement une offre d’emploi à cause des conditions de travail, comme les horaires.