Convaincre les députés LR de voter le projet de réforme des retraites. C'est l'objectif du gouvernement, qui sait qu'une partie des rangs du parti de droite reste réticente à l'idée de voter le texte. Alors, l'exécutif multiplie les concessions. Dernier exemple en date : la possibilité pour les personnes qui ont commencé à travailler entre 20 et 21 ans, de bénéficier du dispositif carrières longues.
7 milliards de dépenses
Mais avec la multiplication des arrangements pourrait remettre en cause même l'objectif premier de la réforme : faire des économies et éviter que le système par répartition soit déficitaire sur le long terme. Jusqu'à présent, la volonté de l'État est de reculer l'âge de départ à la retraite à 64 ans, contre 62 ans actuellement, et d'allonger la durée de cotisation jusqu'à 43 ans. De quoi rapporter 17,7 milliards d'euros en 2030 et ainsi, combler assez largement le déficit estimé alors à 13,5 milliards d'euros à cette date, le tout avec une marge de plus de quatre milliards d'euros.
Mais, l'État devra dans le même temps financer le volet social de la réforme, gonflée par les concessions. Départs anticipés pour invalidité ou inaptitude, carrières longues, retraite minimale à 1 .200 euros pour les futurs retraités, mais aussi pour les retraités actuels... Au total, la facture s'élève à près de six milliards d'euros, à laquelle il faut ajouter le coût de l'élargissement des carrières longues à ceux qui ont commencé avant 21 ans, soit un coût environ d'un milliard d'euros supplémentaires.
Une hypothèse bancale ?
Résultat : la réforme coûterait en l'état environ 1,5 milliard d'euros. Alors, pour couvrir cette somme, l'exécutif multiplie les pistes de financement et réfléchirait à augmenter les cotisations vieillesse des employeurs, celles des collectivités locales et des hôpitaux, ou encore celle des employeurs, mais uniquement lors des ruptures conventionnelles.
Le problème, c'est que ces idées ne sont que de pistes de microfinancement. D'autant que le calcul ne repose que sur l'hypothèse d'un chômage à 4,5%. S'il reste à 7,5% comme actuellement, alors le déficit de notre système se creuserait pour dépasser les six milliards d'euros.