Ils négocient depuis février sur les retraites complémentaires et doivent trouver un accord d'ici fin juin. En théorie. Car en pratique, les représentants du patronat et les syndicats devraient avoir du mal à s'entendre lors du cinquième et dernier round de négociations qui démarre lundi. Et les dernières propositions faites par le patronat vendredi ne devraient rien changer. Les deux régimes de retraites complémentaires des salariés du privé et des cadres, l'Agirc et l'Arcco, accumulent pourtant un déficit accumulé de 1,65 milliard d'euros. Un déséquilibre dangereux qui nécessite un tour de vis. Mais lequel ? Tour de piste des propositions de chacun.
Pour le patronat, une retraite à taux plein à 65 ans. Ils ont mis de l'eau dans leur vin mais maintiennent une retraite rognée, du moins les premières années. Les représentants du patronat, dans leurs dernières propositions envoyées aux syndicats vendredi, proposent en effet une décote de 30% lors d'un départ à la retraite à 62 ans, au lieu des 40% avancés précédemment. À son 63e anniversaire, le retraité verrait sa décote passer à 20%, puis, à 10% l'année suivante. Il ne toucherait sa retraite à taux plein qu'à 65 ans, contre 67 ans dans le premier plan envisagé par le Medef. Des économies qui s'appliqueraient dès 2019, au lieu de 2017 initialement prévu. Le Medef a aussi abandonné l'idée d'abaisser les pensions de réversion versées aux veuves.
Pour les syndicats, 10% de décote suffisent. Pour la CFDT, dont le Medef a besoin pour finaliser un accord, les 30% de décote sont inenvisageables. Et le taux plein atteint à 65 ans seulement serait un détournement maquillé de l'âge légal, estime la confédération. Le syndicat propose plutôt une décote de 10% et demande aussi à ce que les salariés, ayant fait une carrière longue et qui bénéficient d'un départ anticipé à 60 ans, soient épargnés par la réforme.
Comme l'Agirc et l'Arrco versent aux retraités plus que ce qu'ils reçoivent de la part de ses 18 millions de cotisants, Force Ouvrière propose, pour sa part, d'augmenter les cotisations de ces derniers. Le Medef ne serait pas totalement opposé à cette mesure, notamment si elle ne concerne que les cadres qui cotisent à l'Agirc et qui touchent de hauts salaires.
La décote, ça donne quoi concrètement ? Si un salarié doit toucher 1.000 euros par mois de retraite complémentaire, avec la proposition du Medef, il ne toucherait que 700 euros en cas de départ de la vie active à 62 ans, puis, 800 euros à 63 ans et 900 euros à 64 ans. Le taux plein, 1.000 euros donc, lui serait versé à partir de son 65e anniversaire.
Si la décote de 10% est retenue, c'est 900 euros au lieu de 1.000 euros que toucherait le salarié lors de sa première année de retraite.
La retraite de base, elle, n'est pas concernée par cette réforme. Elle continuera à être touchée à taux plein dès l'âge de 62 ans et au bout de 42 annuités de travail. En moyenne, la retraite complémentaire représente 30% de la retraite d'un salarié du privé et jusqu'à 60% pour la retraite d'un cadre.
Quel scénario en cas de nouvel échec des négociations ? C'est le Premier ministre, Manuel Valls, qui avait mis la pression sur les partenaires sociaux en fixant à juin la limite pour s'accorder sur une réforme. Mais si échec il y a, il sera toujours possible de poursuivre les négociations à partir de la rentrée pour un accord avant décembre. En tout dernier recours, c'est l'Etat qui pourrait reprendre la main, comme il l'avait fait après l'échec des négociations portant sur le dialogue social en janvier dernier. Mais ce serait à contrecoeur. Ayant déjà à gérer le régime de retraite de base, il ne voudrait pas avoir à trancher sur une réforme forcément impopulaire.