TotalEnergies a annoncé avoir engrangé un bénéfice net de 16 milliards de dollars en 2021. Ces profits dévoilés jeudi, équivalents à 13,5 milliards d'euros au cours moyen de l'an dernier, sont les plus élevés depuis au moins 15 ans. Ils sont même légèrement supérieurs aux 13,2 milliards d'euros de 2007, précédente année record, même si l'évolution des taux de change rend les comparaisons malaisées. Ils font suite à une perte historique de 7,2 milliards de dollars en 2020 en raison de la crise du Covid-19, qui avait pesé sur les cours pétroliers, et de dépréciations.
Une flambée des cours qui profite au groupe
"On était entrés dans l'année 2021 prudemment, on ne savait pas où on allait en début d'année, et on a vu un environnement se retourner complètement", a commenté jeudi le PDG Patrick Pouyanné devant les journalistes. "On a tiré pleinement parti de cet environnement favorable notamment sur la deuxième moitié de l'année", s'est-il félicité. Le groupe a notamment bénéficié de ses activités dans le gaz naturel liquéfié (GNL).
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TotalEnergies a ainsi profité de la flambée des cours des hydrocarbures l'année dernière sur fond de reprise économique mondiale et de production toujours limitée de certains pays. Le baril de Brent de la mer du Nord valait ainsi 70,9 dollars le baril en 2021, contre seulement 41,8 dollars l'année précédente, et les prix du gaz ont été multipliés par 5 en Europe.
Des bénéfices "sur le dos des Françaises et des Français"
La production d'hydrocarbures du groupe a pourtant reculé de 2% sur l'année. En 2021, le bénéfice net ajusté du groupe (qui exclut certains événements exceptionnels et sert de référence) a atteint 18,1 milliards de dollars, soit une multiplication par 4,4 par rapport à 2020.
Ces énormes bénéfices, en pleine crise de l'énergie, avec des coûts qui augmentent pour les ménages, avaient fait l'objet de critiques avant même leur publication. Le candidat écologiste Yannick Jadot avait dénoncé mercredi des bénéfices "sur le dos des Françaises et des Français" tandis que "les factures de gaz et d'essence qui augmentent, c'est au profit des actionnaires".
"Il n'y a qu'à leur prendre, tant mieux", avait lancé le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon au cours d'un meeting. TotalEnergies reverse déjà près de 30% de sa valeur ajoutée aux États, et paie 1,9 milliard d'euros de contributions diverses en France, souligne son PDG. "Si plus de valeur était prise, ce serait soit au détriment des investissements, des salariés ou des actionnaires", a déclaré Patrick Pouyanné. Les bons résultats de BP et Shell au Royaume-Uni avaient aussi suscité récemment des appels à une taxe exceptionnelle.
Un chèque gaz de 100 euros pour les clients en situation de "précarité énergétique"
Face à la flambée actuelle, TotalEnergies avait dévoilé mercredi une remise à la pompe dans ses stations situées en zone rurale en France, ainsi qu'un "chèque gaz" de 100 euros pour ses clients gaz en situation de "précarité énergétique". "Ce n'est pas minime", a assuré jeudi Patrick Pouyanné face à des critiques sur cette offre. Yannick Jadot avait ironisé sur "la charité de Total vis-à-vis de ses consommateurs".
Pour 2022, les prix du pétrole pourraient "se maintenir à des niveaux élevés", estime le groupe. "Après avoir atteint des plus hauts historiques au quatrième trimestre 2021, les prix du gaz restent très élevés en Europe et en Asie depuis le début de l'année 2022, portés par les incertitudes géopolitiques en Europe malgré une saison hivernale douce", note aussi TotalEnergies. Le groupe, qui se diversifie de plus en plus dans les énergies vertes, précise qu'il allouera cette année 3,5 milliards de dollars à des investissements nets dans les renouvelables et l'électricité, soit 25% de ses investissements.