1,4 milliard d’euros de bénéfices sur le premier semestre 2022 : Ryanair n’avait jamais fait aussi bien. La compagnie irlandaise capitalise sur une belle année 2022 pour le secteur aérien, deux ans après l'apparition du Covid-19. Elle estime avoir transporté plus de passagers en 2022 qu’en 2019. "Les compagnies low cost ont fait mieux qu’en 2019 alors que les compagnies traditionnelles sont en retrait, notamment sur les vols long courrier", explique Xavier Tytelman, ancien pilote spécialiste du secteur, au micro d'Europe 1.
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En 2022, l’Europe est revenue à 83% du niveau du trafic avant la crise sanitaire. La barre des 90% devrait être dépassée en 2023. Le retour à 100% est prévu pour 2025. En termes de revenus, avec l’augmentation du prix des billets et la rationalisation des flottes, les compagnies traditionnelles pourraient à nouveau réaliser des bénéfices dès cette année. En 2022, Air France a enregistré un résultat d’exploitation positif pour la première fois depuis 2019. Les vols de la compagnie française ont représenté 80% du niveau de 2019, ceux de Lufthansa 72%, un peu mieux que British Airways (71%), selon Eurocontrol, organisme de surveillance du trafic aérien.
Deux milliards de passagers accueillis en 2022
Eurocontrol explique un retour à la normal en 2025 en raison la faiblesse de la reprise économique, l'inflation et le risque de poursuite de la guerre menée par la Russie en Ukraine. Les compagnies aériennes et aéroports européens ont accueilli environ deux milliards de passagers l'année dernière, contre 2,42 milliards en 2019, avec de "fortes disparités" selon les pays et les transporteurs. Ces chiffres incluent tout départ et toute arrivée sur le sol européen.
Ainsi, l'Allemagne n'a retrouvé en 2022 que 75% de son trafic d'avant-crise, la France 86%, l'Espagne 91% et le Portugal 96%. Le trafic en Grèce a en revanche atteint 101% du volume enregistré trois ans plus tôt, et 137% en Albanie. Côté compagnies, ce sont les low cost qui sont sorties renforcées de la crise, retrouvant 85% de leur trafic de 2019, contre 75% pour les transporteurs classiques. "En 2022, l'aviation européenne a résisté à la tempête", a résumé l'organisme.
De bons résultats malgré la guerre en Ukraine
Après le variant Omicron en début d'année puis l'invasion de l'Ukraine, "le trafic a quand même retrouvé 86% (du niveau de 2019) en mai et est resté jusqu'à la fin de l'année dans une fourchette étroite de 86% à 88%", souligne-t-il. Eurocontrol prédit que le nombre de vols annuels dans sa zone de compétence atteindra cette année 92% du nombre de 2019, mais prévoit une année "difficile", l'enjeu étant de limiter les retards, fléau qui a affecté de nombreux voyageurs notamment au début de l'été 2022.
Conséquence notamment d'une pénurie de main-d'œuvre dans les aéroports, le nombre de vols ponctuels à l'arrivée et au départ a atteint respectivement 72% et 66% des totaux, soit 6 ou 7 points de pourcentage de moins qu'en 2019.
Réduire les émissions de CO2
Alors que le secteur aérien est sous pression pour réduire ses émissions de CO2, Eurocontrol s'est efforcé de calculer les mesures à mettre en œuvre pour appliquer le paquet climat européen ("Fit for 55") destiné à réduire d'au moins 55% d'ici à 2030 par rapport à 1990 les émissions de gaz à effet de serre de l'UE. L'écrasante majorité (83%) des gains à attendre reposera sur les mécanismes de compensation carbone européen (ETS) et internationaux (Corsia).
Le remplacement des avions par des appareils consommant moins de carburant, l'introduction croissante de carburants d'aviation durables (SAF) et la modernisation des systèmes de contrôle du trafic aérien ne représenteront que 30 millions de tonnes de CO2 sur les 176 à économiser d'ici à 2030 par le secteur aérien, selon l'organisme.
En 2022, les long-courriers (plus de 4.000 kilomètres de trajet) ont représenté 5,5% des vols, mais 43,9% des émissions, tandis que les vols de moins de 500 kilomètres ont représenté 29% du trafic mais 5,5% des émissions de CO2.