Pour les grandes métropoles, la crise sanitaire avait été synonyme d'exode massif. Les Français, en mal de verdure après les confinements successifs, avaient délaissé les grands centres urbains pour privilégier les villes moyennes, moins bruyantes et polluées. Un phénomène qui a eu pour effet d'accroître considérablement les prix de l'immobilier dans ces territoires. Selon une étude de Meilleurstaux, révélée par Le Parisien, un habitant d'Angers dans le Maine-et-Loire, qui pouvait acquérir un logement de 94m² en 2019, doit désormais se contenter d'un deux pièces n'excédant pas... 52m². Invité de l'émission La France bouge ce mardi, Yann Jéhanno, le président du réseau immobilier Laforêt a confirmé cette tendance.
"Dans les grandes villes, on voit les prix atterrir et même reculer"
Au micro d'Élisabeth Assayag, il a évoqué un "chassé-croisé des projets immobiliers", en raison notamment d'une stabilisation voire d'une baisse des prix dans les grandes villes. "Paris, Lyon, Bordeaux... Toutes ces villes ont finalement atteint un plafond de verre. On approchait les 11.000 euros du mètre carré à Paris. Aujourd'hui, on est légèrement au-dessus des 10.000. Dans les grandes villes, on voit les prix atterrir et même reculer", assure le spécialiste.
Sur Europe 1, Yann Jéhano identifie également une autre raison qui explique ce retour vers les grands centres urbains. "Des familles ont sorti leur calculatrice en se disant que la maison en environnement rural ou même périurbain, c'était une deuxième voiture, parfois même une première. C'était un accès à l'éducation différent, c'était un accès aux loisirs différents. C'est également un coût extrêmement différent par rapport à un appartement", analyse-t-il. Ces villes de plus grandes tailles permettent d'accéder à diverses commodités, plus difficilement accessibles en zone périurbaine.
En 2022, "15% des acquéreurs se sont auto-censurés"
Le patron du réseau Laforêt voit d'un bon œil cette transformation du marché de l'immobilier : "On retrouve de l'ordre, de la nuance. Pendant plusieurs années, on a eu des prix qui montaient partout en France, en environnement rural, périurbain, dans les métropoles. Et là, cette année, fin 2022, il y a des endroits qui montrent qu'il y a des endroits qui baissent. On retrouve une hiérarchie des prix et c'est plutôt une bonne chose".
Néanmoins, Yann Jéhano ne perd pas de vue les difficultés rencontrées par certains Français en 2022, notamment en raison du "coût du crédit" qui a "découragé une bonne partie" des potentiels acheteurs. "On estime qu'environ 15% des acquéreurs se sont auto-censurés après avoir rencontré leur banquier, leur courtier, leur agent immobilier". Une tendance qui ne devrait pas s'inverser en 2023. A la fin de l'année, le taux moyen d'emprunt pourrait excéder la barre des 3%.