LOIC VENANCE / AFP 1:26
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Emmanuel Duteil et Arthur Helmbacher, édité par Thibaud Le Meneec , modifié à
Le gouvernement entend revoir rapidement les règles d'indemnisation du chômage des cadres. Si la mesure est saluée par une partie de l'entourage du chef de l'État comme une bonne réponse aux "gilets jaunes", elle fait grincer des dents les principaux concernés.

Alexandra est cadre dirigeante dans une société de services en région et gagne 15.000 euros net, les bons mois. Si elle se retrouve au chômage demain, elle percevra 7.440 € tous les mois pendant deux ans, le maximum possible. Mais selon Les Échosle gouvernement planche sur une révision de cette allocation chômage des cadres percevant de hauts salaires, avec un plafonnement envisagé à 5.775 euros environ dans une future réforme qui sera présentée au printemps.

"Besoin d'être sécurisée". Et du côté des principaux concernés, la pilule a déjà du mal passer. "J'ai besoin d'être sécurisée sur tout un train de vie à côté que je n'ai pas volé, que j'ai gagné au fruit de mon travail. En gagnant ce que je gagne, j'ai fait aussi des prêts immobiliers", défend Alexandra. "On pourra toujours me dire 'change de maison', mais moi aussi je pense travailler et contribuer très fort à ma force de travail pour ne pas avoir à changer de maison. C'est un besoin humain."

Une "mesure très symbolique" pour un proche de Macron. Toujours est-il que cette piste satisfait une partie de l'entourage du chef de l'État : "Les 'gilets jaunes' demandent plus d'équité. Eh bien le gouvernement tape dans la poche des salariés les plus aisés à moindre coût. C'est très bien joué et c'est une mesure très symbolique", estime un entrepreneur proche d'Emmanuel Macron, qui avait poussé pour un tel dispositif.

De son côté, le ministre de l'Action et des Comptes publics y voit une "mesure courageuse" : "Il y a des abus parce que, pendant deux ans, on peut effectivement toucher 7.440 euros, trois fois plus qu'en Allemagne, alors que les cadres, dans leur très grande majorité, n'ont pas de problème pour retrouver un travail. Les cadres doivent faire des efforts. Il n'est pas normal (…) qu'on ait encore ce système." 

" J'ai créé plus d'une centaine de CDI en trois ans, je ne pense pas voler mon argent "

"C'est pareil pour le bonus-malus pour les entreprises qui abusent des contrats courts, il faut y aller", ajoute cet entrepreneur. "Il faut dans tous les cas aujourd'hui réformer dans une logique de plus de justice sociale et là, ça va totalement dans ce sens-là", confirme un autre proche du chef de l'État.

Quel mérite pour cette indemnisation ? Alexandra n'est pas d'accord : on doit recevoir à hauteur de ce qu'on donne, estime-t-elle. "Si on amène beaucoup à la société, alors pourquoi ne pourrait-on pas aussi en retour recevoir au pro rata de cet apport ?", s'interroge-t-elle. Surtout, la cadre insiste sur le fait qu'elle mérite"sincèrement" de percevoir de fortes indemnités chômage : "Moi, j'ai créé plus d'une centaine de CDI en trois ans, je ne pense pas voler mon argent". "Si un jour, pour X raisons", elle se retrouve au chômage et qu'elle "souhaite profiter de cette indemnisation-là pour remonter une entreprise ou un business quelque part", elle estime en avoir totalement le droit.

Arbitrage direct de l'Élysée. Pour l'heure, cette mesure n'est pas encore actée : les ministères phosphorent sans arrêt en ce moment et les réunions se multiplient pour proposer des réformes liées au grand débat. Les grandes lignes seront arbitrées dans les jours à venir, directement par Emmanuel Macron.