Bouchons, bagarres, voitures renversés… Jeudi, près de 3.000 chauffeurs de taxis en grève ont exprimé leur colère envers l'application UberPop, accusée de leur faire de la concurrence déloyale. Mais les VTC sont aussi dans la ligne de mire des taxis. Si vous n'avez rien compris à ce conflit, Europe 1 vous fait le portrait de chacun des protagonistes et de son positionnement face à la loi française.
#LES VTC
Les VTC, des chauffeurs formés et professionnels... On ne s'improvise pas chauffeur de VTC. Pour le devenir, il faut posséder le permis de conduire et suivre une formation de 250 heures minimum. L'apprenti chauffeur s'inscrit ensuite sur le registre national des professionnels de VTC, qui coûte 170 euros et doit être renouvelée tous les cinq ans. Ensuite, il crée sa propre société ou devient auto-entrepreneur. Il se rattache enfin à une entreprise qui lui fera bénéficier d'une plate-forme de réservation, par exemple Uber, AlloCab, Chauffeur-privé ou encore Marcel Cab. Les VTC sont reconnaissables grâce une vignette verte et à leur carte professionnelle apposées sur le pare-brise.
… en règle avec la loi. Alors que des VTC ont été violemment pris à partie par des chauffeurs de taxis jeudi, ce service est légal en France. Apparues en 2009, les Voitures de transport avec chauffeurs ont cependant créé dans un premier temps beaucoup de remous.
La loi Thévenoud, adoptée en octobre 2014, a, en théorie, mis fin au conflit. Mais pour clore définitivement le conflit, il a fallu attendre la décision du Conseil constitutionnel, tombée en mai dernier, qui vient clarifier un point litigieux de la loi Thévenoud.
Interdiction de marauder. Les VTC ont désormais interdiction de "marauder", c'est-à-dire de circuler sur la voie publique à la recherche de clients, et doivent se contenter des réservations via les plates-formes. Ils ne peuvent donc se faire héler par des clients et sont obligés de se garer entre deux courses. La maraude "électronique" leur est aussi interdite.
Les chauffeurs de taxis reprochent cependant à des chauffeurs de VTC de ne pas respecter ces règles. De plus, comme les VTC ne payent pas de licence, au contraire des taxis, ils continuent quand même à être perçus par certains comme des concurrents déloyaux.
Protestation de taxis jeudi, lors de leur grève (LOIC VENANCE / AFP).
#UBER
Une entreprise de VTC parmi d'autres…. Uber est une start-up américaine, née en Californie en 2010. Et c'est… en France que le fondateur, Travis Kalanick et un de ses amis, ont eu l'idée de développer un service de chauffeurs. Après un conférence à Paris, les deux acolytes se retrouvent au restaurant où ils imaginent pouvoir commander une limousine rien qu'en appuyant sur un bouton. Après avoir conçu une application digitale, Uber voit le jour !
… mais la plus vorace. En France, mais aussi dans le monde, Uber est de loin la première entreprise de VTC. Installée dans l'Hexagone depuis 2011, elle propose désormais les services de 4.000 chauffeurs dans quatre villes : Paris, Lyon, Nice et Lille. Et au total, la société revendique un million de clients réguliers. La France est son troisième marché derrière les États-Unis et le Royaume-Uni. Uber est aujourd'hui un mastodonte qui, en 2014, a réussi à lever 40 milliards de dollars.
#UBERPOP
UberPop et ses chauffeurs non professionnels. Si les VTC proposés par Uber sont dans les clous de la loi, il n'en est rien de l'application UberPop, débarquée en France en février 2014. Utilisable dans neuf villes de France, 1.000 chauffeurs l'utiliseraient pour trouver des clients. Problème, il s'agit de simples particuliers qui arrondissent ainsi leurs fins de mois.
Les formalités pour travailler pour UberPop sont minimales : avoir 21 ans, le permis de conduire et un casier judiciaire vierge. L'inscription sur internet prend, elle, une poignée de minutes. Non déclarés auprès de l'Etat, ces chauffeurs improvisés ne payent pas de charges sur leurs revenus, au contraire des taxis et des VTC. Et, comme rien ne les oblige à déclarer l'argent gagné, cela peut s'apparenter à du travail au noir.
La justice avance… lentement. Uber, qui a d'abord fait passer UberPop comme un service de covoiturage, s'est fait taper sur les doigts par la justice française. En octobre 2014, le tribunal de Paris a dénié cette qualité, condamnant la start-up californienne à 100.000 euros d'amende. Mais Uber a fait appel, suspendant pour le moment la condamnation. Il faudra désormais attendre octobre pour être fixé sur le sort de cette application.
L'Etat, de son côté, n'est pas resté inactif. Le 1er janvier 2015, un décret a interdit UberPop en France. La police est donc désormais habilitée à contrôler des chauffeurs soupçonnés de travailler pour UberPop et de les sanctionner pour "travail dissimulé" et "exercice illégal d'une profession réglementée". L'état ne peut guère faire plus, selon Matignon qui a déclaré jeudi : "on a fait ce qu'il fallait faire, maintenant il faut que la justice agisse". Seul un juge peut par exemple désactiver l'application.