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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Les Jeux paralympiques commencent demain, mercredi 28 août à Paris. C'est l'occasion de parler d'un sujet crucial : l'accessibilité des transports aux personnes handicapées.

Les Jeux olympiques et paralympiques ont été, et c'est une bonne nouvelle, le moyen de faire des améliorations durables dans l'accessibilité des transports en île-de-France pour les personnes handicapées. Ca passe par des dispositifs de navette à la demande, ça passe aussi par des aménagements de quais, de rampes, de véhicules pour que les personnes à mobilité réduite puissent utiliser les transports de façon autonome. A l’issue des Jeux, 56% des gares des réseaux ferrés de la région seront accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Plus de la moitié. Mais on peut sans doute faire mieux.

Il faut regarder ce chiffre dans le détail, car il cache d'énormes trous dans l'accessibilité. Si tout le réseau RER, les bus, les trams, sont accessibles aux personnes à mobilité réduite, quand on  s'intéresse au métro, c'est la catastrophe.

Sur les 303 stations de métro de Paris, seules 29 sont accessibles aux personnes en fauteuil roulant, par exemple

Sur les lignes récentes essentiellement, la ligne 14 par exemple/ Les futures lignes 15, 16 et 17 seront accessibles quand elles ouvriront.  Mais le métro historique date d’un temps où on n’avait aucune préoccupation d’accessibilité. Des efforts ont été faits récemment pour l'adapter à certains handicaps sensoriels (vous avez peut être remarqué les signalisations en braille dans les stations de métro).  La RATP a aussi formé ses agents pour mieux accueillir les personnes avec des handicaps mentaux. Mais le métro reste la plupart du temps inaccessible aux personnes souffrant d’un handicap moteur.

Il y a une volonté de changer les choses, mais ça coûtera très cher.

La région île de France estime qu'il en coûtera à la collectivité 15 à 20 milliards d'euros pour que le métro "historique" soit intégralement accessible. Il va falloir faire de travaux de voirie, installer des ascenseurs, des plans inclinés, revoir les quais, changer le matériel... C’est un chantier colossal. Il y en a pour 20 ans.

Il y a une ligne qui peut être aménagée avant les autres, c'est la ligne 6, qui est en partie aérienne. Rien que pour celle-ci, réputée plus facile à adapter, il faudra 600 à 800 millions d'euros. A l’occasion des jeux, La présidente de la région IDF, Valérie Pécresse a lancé un appel aux parties prenantes; La région veut bien en payer le tiers des travaux, reste à l'Etat et à la ville de Paris à trouver le reste de la somme.

C'est un investissement qui vaut vraiment la peine d'être fait.

Oui, c'est un choix public coûteux, mais qu'il faut faire. Pour nos concitoyens handicapés : c'est une mesure de justice sociale.  Mais ça répond aux besoins de tous. C’est un moyen d’anticiper le vieillissement de la population. Le nombre de personnes qui vont avoir des difficultés à se déplacer va aller en augmentant. C’est aussi penser aux familles. Prendre le métro avec une poussette, des enfants en bas âge, c'est très compliqué.  Si on veut diminuer la place de la voiture dans la ville, c’est indispensable. Oui, l’argent public se fait rare. Mais cet argent là, ce sera de l’argent bien dépensé.